Il y a quelques temps je vous avez parlé de mon envie de partager certains dessins animés des années 80 avec ma fille. Cependant, en abordant mon anime préféré :Les mystérieuses cités d’or , j’avais été quelque peu long. Néanmoins, à l’époque , je vous avais donné rendez-vous pour continuer de découvrir ensemble les dessins animés qui –à mes yeux- sont porteurs de valeurs et de savoirs. Aujourd’hui nous allons donc aborder un dessin animé qui se nomme : Les mondes engloutis. Un dessin animé aux teintes pastel aux considérables références historiques et culturelles.
Table des matières
Les mondes engloutis : une belle production française de 1985
Les mondes engloutis est un dessin animé encore disponible en DVD qui a profondément marqué mon enfance. J’en garde de nombreux souvenirs du fait de l’originalité de cette œuvre jeunesse envoûtante.
Les détails sur la production et la diffusion de ce dessin animé des années 80
Au début des années 80, les émissions jeunesse telles que Récré A2 proposaient à leur jeune public beaucoup de créations étrangères. Il fut donc décidé de produire une série d’animation 100% française afin de varier les programmes. Et c’est ainsi que le dessin animé Les Mondes engloutis est apparu. Cet animé est l’œuvre de Nina Wolmark qui travailla également sur Ulysse 31. Sur ce projet, elle est notamment accompagnée par Patrick Claeys concernant la création des personnages et plus globalement des dessins par les frères Gaëtan et Paul Brizzi.
La première diffusion de la série télévisée d’animation française “Les Mondes engloutis” se fit sur Antenne 2 en septembre 1985 dans l’émission Récré A2 présentée par Dorothée. Une émission spéciale lui sera d’ailleurs totalement consacrée à son lancement. Au total il sera produit 52 épisodes de 26 minutes.
Le synopsis des Mondes Engloutis s’inspire du mythe de l’Agartha
Au centre de la terre, dans la cité d’Arkadia, le Shagma, un soleil artificiel indispensable à la vie des gens du dessous, est tombé malade. Les enfants d’Arkadia, aidés par le Shagshag un vaisseau conscient doté de pouvoirs magiques, entrent alors dans le musée interdit pour, peut-être, trouver une solution au sein des archives secrètes. Ils y apprennent que leur peuple vivait à la surface avant le grand cataclysme. Ils créent alors Arkana, une créature ressemblant à une humaine, et l’envoient avec Shagshag et les pangolins Bic et Bac vers la surface pour chercher de l’aide.
Au premier épisode, le groupe rencontre Bob un jeune garçon et sa petite sœur Rébecca qui sont de la surface de la terre, ainsi que Spartakus, un homme qui a toujours vécu sous la surface. Ils reprennent alors le chemin qui conduit au centre de la Terre et l’aventure les mènent de strates en strates (des sortes de mondes parallèles).
Le dessin animé « Les mondes engloutis » est librement inspiré du mythe de l’Agartha. C’est une légende qui décrit un monde idéal au centre de la Terre, celui-ci possédant d’immenses connaissances ou des pouvoirs. Au sein de ce monde souterrain, la violence n’existe pas et la paix règne. Ce n’est finalement pas sans rappeler l’histoire de l’Atlantide ou celle de la Terre creuse.
Les personnages des mondes engloutis
L’histoire de la série télévisée d’animation française « Les Mondes engloutis » raconte le voyage vers le centre de la terre du vaisseau Shag-shag et de ses occupants. Cependant, outre ces héros, il existe énormément de personnages dit secondaires et même des récurrents.
Les membres d’équipage du Shag-Shag
Arkana la messagère d’Arkadia
Arkana a donc été créée par les enfants d’Arkadia avec des bribes d’informations provenant de la mémoire d’Arkadia pour trouver de l’aide chez les habitants de la surface de la Terre afin de guérir le Shagma qui est en train de mourir. C’est une créature artificielle qui a les traits d’une jeune femme. Cependant elle a beau être un être artificiel, elle est douée de sentiments. Arkana est aussi une magicienne bienveillante mais également naïve.
Bob et Rebecca : Les deux enfants du dessus
Ils rencontrent de façon accidentelle Arkana lors d’une expédition spéléologique. Bob et Rebecca décident d’accompagner la messagère pour aider les Arkadiens à sauver leur Shagma. Ils se trouvent alors attaqués par une bande de pirates plutôt loufoques. Dans la bagarre, ils ont perdu le chemin vers Arkadia ! Leur périple à travers les strates ne fait que commencer.
Spartakus le guerrier des strates
Dès le premier épisode cet étrange voyageur des Strates et des mondes souterrains vient en aide à Arkana, Bob et Rébecca. Il écume les strates sans jamais se séparer de son bracelet noir qui fait office de grappin ou d’arbalète. Son passé est sombre : sa famille et lui ayant été attaqués par des vendeurs d’esclaves. D’ailleurs Spartakus est longtemps resté Gladiateur avant de regagner sa liberté.
Les personnages secondaires et récurrents
Shag-Shag : Le vieux vaisseau à la mémoire chancelante
C’est un vaisseau intelligent et très vieux qui vivait dans le musée interdit d’Arkadia. C’était, et c’est encore, mon personnage préféré. C’est sans doute dû à son adorable côté vieux bougon et à sa voix (qui appartient à Louis Arbessier qui a longtemps doublé Q dans les James Bond). Son ordinateur-cerveau date d’avant le grand cataclysme et possède une culture encyclopédique. Hélas il a de sérieux trous de mémoire. Enfin, il a à son service « Les shagies » qui sont des petits robots qui servent principalement à sa réparation et à son entretien.
Bic et Bac : Les joyeux pangolins
Ces deux petits animaux jaunes sont drôles et enjoués. Ils sont doués des pouvoirs shagmiques comme Arkana et Shag-shag. Et non eux ils n’ont rien à voir avec le Covid-19.
Les pirates « punk » et la Fédération Inter Piraterie
Ce sont les « méchants » récurrents des Mondes Engloutis. Ils sont d’une apparence sympathique. Cependant ils sont bien malveillants et quelque peu pathétiques. Ces pirates sont divisés en trois clans : les pirates du lac, les pirates des fjords et enfin les pirates des flaques. Le clan du lac est celui que nous voyons le plus souvent. Son chef est Maxagaz et ses acolytes sont Seskapil et Mattimat. La petite société pirate est finalement très intéressante. Elle possède, par exemple, des jeux inter-pirates mais aussi un média de masse : Radio FIP.
Pourquoi je souhaite partager avec ma fille « Les mondes engloutis »
Le dessin animé Les Mondes engloutis contient dans son scénario une forte tendance à aborder l’histoire, le mystère, voire l’ésotérisme. L’inexpliqué est parfois même à l’œuvre. De plus, la morale et la quête de sens y sont extrêmement présents. A mon sens, cet ensemble confère à cette série animée enfantine une tonalité unique .
Je l’aime car c’est le dessin animé avec le plus de profondeur que j’ai vu
Il aborde la place de la mémoire au sein de l’Histoire ainsi que dans notre propre histoire
Dans le scénario de ce dessin animé, il existe un lien intime entre l’absence de mémoire et de chemin. Dans les mondes engloutis, les enfants Bob et Rébecca sont les seuls dépositaires d’une mémoire, celle de l’humanité. Et c’est grâce à cette dernière, qu’ils portent en eux, que le Shagma peut être sauvé. Les autres personnages connaissent, pour leur part, des difficultés vis-à-vis de la mémoire. Arkana est un être artificiel qui doit tout apprendre. Spartakus ne sait pas grand-chose de son passé et aimerait oublier ce qu’il en sait. Enfin le vaisseau shagshag a la mémoire qui s’efface. Tout l’enjeu que propose cette histoire est comment avancer, évoluer sans mémoire individuelle ou collective.
Un esthétisme original et poétique des mondes engloutis
Au sein de cette série d’animation, les dessins et les couleurs ont un petit quelque chose de la patte de Moebius. Par exemple, il y a de vraies ressemblances avec le magnifique et envoûtant film d’animation « Les maîtres du temps » dont les dessins sont Moebius. Et que dire des couleurs et des teintes utilisées sur Arzach qui sont cousins de ceux des mondes engloutis.
La musique, les voix et plus globalement l’ambiance générale portent toute une mélancolie poétique en eux. Là encore, il y a de nombreux points communs au film « Les maitres du temps ». Ceci est accentué dans la seconde saison avec l’extrait d’un poème du poète espagnol Antonio Machado lu à chaque début d’épisode. Il est vrai qu’il existe une certaine lenteur et des redondances dans le déroulé de l’histoire des Mondes engloutis mais je pense que c’est un véritable parti pris des créateurs. Cette vision me semble donc davantage due à notre façon de « consommer » les séries aujourd’hui. En effet, il faut rappeler que souvent nous n’avions qu’un épisode par semaine. La chanson des pirates était donc plus perçue comme un joyeux rappel (voire un rituel) par le jeune public. Alors oui, effectivement, « Les Mondes Engloutis » se marient très mal au binge watching.
Pourquoi j’aimerais tant que ma fille regarde avec moi ce dessin animé
Certes ce pur chef-d’œuvre de l’animation française des années 80 est peut être parfois difficilement compréhensible par un enfant tant elle est imagée et porteuse de concepts. Cependant je pense qu’il peut devenir un parfait support de discussion et de partage avec ma fille.
Les nombreuses références culturelles au sein des scénarios des mondes engloutis
Pouvez-vous me citer beaucoup de dessins animés qui ont en leur sein autant de références à des personnes et des faits célèbres. A ma connaissance, il n’y a que les mondes engloutis ! Au fil des différents épisodes, ont fait connaissance avec Diogène, Galilée, Démosthène et la démocratie, l’empereur Qin, Gog et Magog, Albert Einstein. Des références au nazisme, aux légendes et histoires africaines, asiatiques et européennes y sont également présentes. Cette série d’animation est un véritable concentré de culture mondiale.
J’aime également les éléments de critique sociale sous-jacents dans la représentation de la société des pirates. Au-delà du ressort comique de leur mode de vie, on peut y voir une critique des médias et de société de consommation. Si vous souhaitez approfondir le sujet, je vous conseille l’ouvrage L’imaginaire sériel: Les mécanismes sériels à l’œuvre dans l’acte créatif de Jonathan Fruoco
Un hymne à la vie et à la diversité
Les Mondes Engloutis sont finalement un conte sur la vie. Un conte sur la recherche du soi et sur la quête d’un avenir meilleur et l’importance du passé au sein de ces quêtes. Ce jeune cousin de Voyage au centre de la terre de Jules Verne, met en avant les jeunes générations. Les enfants de ce dessin animé sont plus ouverts, moins sectaires. Ce sont eux qui sont porteurs d’espoirs.
De plus, les héros de cette série d’animation française sont de différentes origines ethniques. De mémoire, il me semble d’ailleurs qu’Arkana et Spartakus sont les premiers personnages principaux de « couleur » dans un dessin animé. Enfin, il règne dans cet animé une atmosphère de « vivre ensemble ». Ils s’entraident sans se soucier de leurs différences physiques, il n’y a aucune stigmatisation concernant les croyances. C’est une très belle leçon de vie.
Les trucs que vous ne savez peut-être pas sur Les mondes engloutis
Qui se cache derrière les musiques et le générique des mondes engloutis ?
Toutes les musiques et chansons de ce dessin animé ont été composées par Vladimir Cosma. Peut-être que ce nom ne vous dit rien mais vous avez obligatoirement déjà entendu un de ses morceaux tant il a composé la musique d’un grand nombre de films célèbres du cinéma français des années 80. Le grand blond, Diva, la Chèvre ou encore Rabbi Jacob sont des exemples marquants de son travail au cinéma.
La chanson des Kids United est à la base le générique des mondes engloutis
L’hymne de la vie sorti en 2019 par les Kid United n’est autre qu’une reprise quelque peu arrangée du générique des Mondes Engloutis chanté à l’origine par un autre groupe d’enfants. En effet, à l’époque c’est le groupe « Mini-Star » composé de six enfants qui pousse la chansonnette. Cette reprise est -à mon sens- un peu un sacrilège mais bon… De plus originellement, cela n’aurait pas été des enfants qui auraient chanté le générique ! Il était initialement prévu par les producteurs de faire appel à Didier Barbelivien et Haim Saban pour composer et à Herbert Léonard pour interpréter le morceau.
Le fouillis dans l’ordre des épisodes
L’ordre des épisodes présent sur les DVD disponible à la vente ne respecte pas le déroulement du scénario. Cet ordre est différent de celui de la diffusion sur Antenne 2 entre 1985 et 1988. La raison de cette différence est liée au rachat des droits par TF1 en 1991. Étrangement, c’est à ce moment que des oublis et des mélanges eurent lieu. Depuis, les DVD en vente continuent donc de présenter les épisodes dans le désordre.
4 comments
Super article ! J’en avais un souvenir vague et plutôt inquiétant, mais surtout auréolé d’une poésie étrange. Comme souvent pour les animés français des années 70-80. A mon sens aussi cette série est beaucoup plus profonde qu’un simple divertissement. Il falllait oser proposer un dessin animé qui aborde des thèmes aussi profonds. C’est une oeuvre marquante, pleine d’ouvertures, souvent sous-estimée, ambitieuse et pleine de pédagogie. On sent l’amour des auteurs pour la richesse de nos diversités. Une Oeuvre profondément humaine et touchant aux classiques elle reste très contemporaine. On sent 2 écoles (l’une des boites à rythmes des 80 et la pub, l’autre qui navigue dans les oeuvres classiques et les mythes) ce qui donne ce décalage foutraque très original. Elle m’a marqué et ému plus que je ne le croyais… Merci aux créateurs.
Bonjour,
Merci beaucoup pour se souvenir télévisuel et narratif.
Sylvain Passemar
Une de mes Séries préférées quand j’étais enfant, justement à cause de ce coté mystérieux. Et oui, la chanson des pirates c’était un petit rituel sympa, ma fille adore cette chanson d’ailleurs.
Je viens seulement de comprendre qu’un des pirates s’appelait Sex Appeal (Seskapil)….
Votre »critique » de la série est plut$ot juste mais plutôt idéalisante.
Cette série privilégie les symboles à une cohérence scénaristique fouillée.
Des lieux telle que la porte de l’Aurore, l’histoire de fond auraient mérité d’être développés au lieu du très court flashback que nous avons à l’épisode 52.
C’est une série pour enfant où les symboles sont forts, cette autorité qui impose d’oublier représente le monde adulte, et les enfants remettront sans cesse en question cette autorité.
Rebecca ne dit elle pas »Je crois aux légendes moi !!! » ?
En réalité il m’a fallu du temps pour comprendre que si Arkana ne remplit jamais le rôle de messagère qu’on lui impose efficacement c’est que c’est elle aussi une enfant, avec tout ce que cela comporte d’innocence candide.
En revanche il faut bien le dire : si la série se veut porteuse d’une esthétique digne d’un Meobius et compagnie, elle en est malheureusement fort loin. Je vous invite à comparer Les Maitres du temps et n’importe quel épisode.
Techniquement ça n’a pas bien vieilli les doublages et bruitages sont datés, les musiques de Cosma remontent le niveau en contribuant grandement à l’atmosphère mélancolique et poétique, mais malheureusement avec la réutilisation des deux chansons chaque épisode on finit par faire avance rapide quand on le peut.
Surtout saison 2 avec le flashbic qui est aussi le générique de fin …
Je regrette d’avoir acheté le coffret DVD l’image d’épinal que j’en avais a pris un sérieux coup.