Le lundi au soleil, certains l’ont chanté…d’autres savent en profiter. En ce début de semaine, le bonhomme a fait l’expérience de cet adage qu’il a –naturellement- lui-même créé. Ne dit-on pas par ailleurs qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même. C’est d’ailleurs la délicate envie d’ailleurs qui -sans nul doute- soufflait dans les cheveux du bonhomme au volant de sa voiture. Au bout de la route, un objectif : m’extirper de la ville pour rejoindre les plages normandes. Le son Sky and Sand de Paul Kalkbrenner, finissait de planter un décor qui s’apparentait presque à un départ en vacances.
Habiter Caen, c’est avoir la chance d’être à deux pas des plages du littoral. Pour les moins courageux comme moi, nous dirons plutôt: à un tour de clef de voiture des plages du littoral. Ce lundi, c’était une invitation de l’office du tourisme de Caen La Mer qui m’amena à rejoindre Lion sur Mer sur la Côte de Nacre. La belle raison de me voir pousser jusqu’à la mer était le lancement de la balade sonore et immersive baptisé La Délicate.
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La Délicate: balade sonore et immersive, finalement c’est quoi ?
Derrière le nom de La Délicate, il est proposé depuis le 15 Juin 2018 par l’office du tourisme de Caen La Mer. C’est une déambulation sur le front de mer entre Lion-sur-Mer et Hermanville-sur-Mer.
La délicate : un dispositif technologique immersif et unique en Normandie
A son arrivée au bureau d’information touristique de Lion-sur-Mer, le petit bonhomme se fit remettre l’une des ombrelles. Ces dernières ont été dessinées par les artistes caennais Tizieu et Glad. Mais plus qu’une protection contre le soleil normand, c’est dans ces ombrelles que se trouvait tout un nouveau dispositif de géolocalisation mis au service du promeneur. Car c’est au moment où je me suis équipé du casque audio que je compris que ce serait ce dernier qui guiderai mes pas en cette fin d’après-midi.
Le parcours de la balade La Délicate
Dès mes premiers pas dans les rues de Lion-sur-Mer, j’entendis rapidement que nous n’avions pas affaire à un audio guide classique. La bande son mêlant bruits du quotidien, musicalité des sons de la nature et témoignages d’habitants nous plonge immédiatement dans une expérience sonore atypique. Au fil de la balade, La Délicate permet aux visiteurs de partir à la découverte des villas de style « Art Nouveau » construites dans les années 1900 le long du front de mer, mais pas seulement. Des instants de vie pleins d’authenticité des habitants se laissent savourer comme des sucreries vendues à la Gui-Gui de Luc-sur-Mer.
Cette balade sonore d’un peu plus d’une heure, nous mène donc jusqu’à Hemanville-sur-Mer. Cependant, l’escargot que je suis a fortement apprécié un aspect! Celui que le visiteur reste totalement libre de son rythme de promenade. Je restais guidé en permanence mais les différents postes sonores ne s’activaient que lorsque j’approchais d’un lieu d’intérêt. On peut donc s’attarder, flâner, pas de marche forcée. Et croyez-moi c’est un vrai bonheur.
Le concept à l’épreuve de la balade du bonhomme
Clairement, le petit bonhomme a été surpris puis totalement séduit par La Délicate et son concept. Pour l’ancien étudiant en géographie que je suis, cette balade a tout de suite fait écho à la notion d’espace vécu. Cette notion qui était chère à un autre normand: Armand Frémont. Pour résumer très succinctement, la notion d’espace vécu découle de la pratique d’un espace qu’en a l’usager ou l’habitant et de la représentation qu’il s’en fait. L’immersion sonore nous plonge dans la diversité des ambiances de la vie des villes de bord de mer.
Réapprivoiser sa part de sensible
Au fil de la promenade entre Lion-sur-Mer à Hermanville-sur-Mer, l’ambiance sonore invite à prendre le temps de ressentir, de vivre par les sensations et l’émotion la vie en bord de mer. Peu à peu, j’ai réapprivoisé le sensible, en me reconnectant simplement avec la poésie de l’instant. Je me suis clairement surpris à humer l’odeur de la mer, qui m’est pourtant familière. Un peu plus tard, je perdis mon regard dans l’horizon marin. Vous l’avez compris, les ambiances bruitistes et musicales et leurs puissances évocatrices sont pour beaucoup dans ces moments « sensibles ». Personnellement je n’aurais pas cru me faire « happer » par le sensible lors d’une visite. Pas vraiment le genre du bonhomme… Mais comme je suis plutôt beau joueur, je félicite ses concepteurs et j’avoue qu’ils m’ont bien eu…
Les souvenirs et les émotions des habitants comme fil d’Ariane
L’autre dimension de la balade de La Délicate qui me séduisit fut son parti pris assumé. Ce dernier est de s’appuyer sur les émotions et souvenirs des habitants pour mettre en valeur la richesse d’un lieu. A mon sens, rien de mieux que le témoignage des personnes qui le « pratiquent » pour le connaitre et surtout s’attacher à un espace.
Visiter le front de mer de Lion sur Mer à Hermanville, par le prisme des petites anecdotes, des souvenirs et des histoires des figures locales, donne l’impression de faire cette balade accompagné par les « locaux ». L’attachement et l’amour qui transpirent des paroles des habitants s’instillent en nous et nous fait finalement pleinement appréhender l’âme de ce territoire.
Plus précisément, au rythme de nos pas, ils nous ont conté leur vision de bord de mer, et les histoires que cachent les villas « Belle époque » de ce front de mer. Remodelés par le temps, par le vécu, par le bouche à oreille, elles font écho aux faits historiques. Au-delà de la thématique des villas, c’est la vie d’autrefois et d’aujourd’hui dans le bourg de Lion-sur-Mer qui s’égraine comme du sable glissant entre nos mains.
Cette vie nullement monolithique entremêle pêche, vie balnéaire et bains de mer. Au terme de la balade, j’ai eu le sentiment un peu étrange d’appartenir à ce petit monde. Comme si les témoins de cette vie m’avaient adopté grâce à leur confidence. L’envie de connaître un peu plus la « grande histoire » de ces lieux a alors germé. Et c’est peut-être cela toute la force de la balade La Délicate…
Boucler la boucle…de ceinture en musique
En cette fin de journée, j’avais lâché prise (un exploit !), et fini par me laisser porter par l’univers qu’on m’avait livré un peu comme un secret. Le retour se fit au calme au son de l’Impératrice et du titre Vanille Fraise. Bah oui, faut pas déconner non plus ! Qui va à la mer sans prendre une petite glace…
Univers alternatif : La rencontre avec le fantôme à l’ombrelle
Dans un univers alternatif, lors de la balade, mon ombrelle aurait étrangement réagi. Je n’aurais pas souhaité ouvrir mon ombrelle pour travailler mon bronzage. Peu importe, le guide audio fonctionne sans l’ouvrir. Seulement dès le début de la visite, des grésillements auraient fait leur apparition. J’aurais senti que quelque chose ne tournait pas rond. Un souci avec la bande son sera apparu, mais par politesse je n’aurais rien osé dire…Cela aurait été–hélas- le début de mes ennuis.
Une mystérieuse voix
En lieu et place du récit normal de La Délicate, il m’aurait été conté l’histoire d’un poltergeist –cousin de celui rencontré à Caen- qui hantait les différentes villas du bord de mer. Plutôt terre à terre, j’aurais gentiment souri à l’évocation de ces histoires de fantôme de bord de mer. Mais peu à peu la voix dans mes oreilles serait devenue envoûtante. La musicalité des paroles m’aurait entrainé indiciblement dans des lieux de plus en plus étranges, jusqu’à une étrange cabine de plage.
La voix m’aurait alors ordonné de rentrer dans cette vieille cabine isolée pour essayer des maillots de bains gratuits. Un peu pingre sur les bords, le bonhomme n’aurait pas eu besoin d’être totalement ensorcelé pour flairer la bonne affaire…
Un blanc seing donné à l’humour d’outre tombe
La voix aurait alors indiqué que pour faire apparaître le premier maillot de bain à essayer, il fallait que je me mettre nu. Je me serait exécuté sans broncher…Quand tout à coup, une fois totalement nu, la cabine et mes affaires auraient disparu… C’est alors qu’un voix se serait élevé: «….Mouaahahaha tu connaissais la dame blanche, tu connaîtras désormais le fantôme des fesses blanches…Mouhahahahhaha… » .
Nu au milieu de la rue, j’aurais rencontré ce que les locaux appellent le petit blagueur. L’humour est souvent une question de point de vue, et là apparemment nous n’avions pas le même… Les habitants murmurent que les jours de grand vent on entend encore son rire voyager de villas en villas. Surement bien heureux du mauvais tour qu’il avait encore joué à une personne « blanche comme un cul ». En effet le fantôme ne s’attaquerait qu’à des personnes qui prennent le risque de s’exposer au soleil sans la précaution d’une ombrelle…ouverte. Moralité : Si vous ne voulez pas finir mort de honte et accessoirement risquer l’attentat à la pudeur
… vous ferez attention à votre peau un peu trop blanche car oui…en Normandie le soleil tape aussi.