Il y a des rencontres qui semblent anodines et qui ne prennent sens seulement quelques mois plus tard; de ces rencontres qui portent gourmandise et convivialité en genèse, et ce fut le cas dernièrement avec Guillaume et Etienne. Notre première rencontre se fit totalement par hasard à l’occasion d’une petite sauterie un peu trop rigide et solennelle à mon goût, mais le profil des deux garçons m’avait un peu tapé dans l’œil. Quelques temps après cet épisode j’entendis parler des soirées Bombance organisées depuis à Caen.
Vous dire que mon cerveau à vite fait le rapprochement serait mentir. C’est un peu comme si je tentais de vous convaincre qu’après 30 ans, on récupère mieux après une grosse soirée. Vous aimeriez y croire mais le bon sens vous ramène à la raison. Toujours est-il que j’ai fini par comprendre que les deux organisateurs : les Guillaume et Étienne des soirées étaient les mêmes que ceux que j’avais rencontrés.
Fier comme si j’avais découvert le vaccin contre la gueule de bois (en plus il aurait aussi soigné les hémorroïdes, quitte à dire des conneries autant y aller « franco »), je décidai de faire ce que je n’avais encore jamais fait depuis que j’ai ouvert ce blog. Je leur demandai un rendez-vous pour faire un article sur leur concept et plus si affinité. Bref, dans ma tête cela ressemblait à un rancart pour épicuriens. Pas sûr d’ailleurs qu’ils en avaient vraiment conscience lorsqu’ils acceptèrent mon invitation.
Trop tard, le piège s’était refermé sur eux ! Le Machiavel de la boustifaille avait à nouveau frappé ! J’aurai donc mon article sur les soirées Bombance et vous aussi par ricochet…Un peu comme un joli coup lors d’une partie de beer Pong.
Table des matières
Que signifie Bombance ? Et faire Bombance à Caen ?
Certains d’entre vous ont déjà dû se poser la fameuse question : Que signifie le mot bombance ? D’ailleurs peut-être même que certains d’entre vous le prononce avec l’accent américain qui va bien. Un peu comme si le mot sortait tout droit d’un clip de Lady Gaga. Oh-oh-oh-oh-oh-oh-oh-oh-oh-oh-oh-oh, Caught in a bad Bombance. Bon, ok je fais mon malin ! Je vais être honnête je n’étais pas très au clair non plus sur sa définition. Dans mon esprit lorsque j’entendais bombance, j’entendais surtout « Où sont les poulardes ? J’ai faim ! Où sont les veaux, les rôtis, les saucisses ? Où sont les fèves, les pâtés de cerf ? Qu’on ripaille à plein ventre pour oublier cette injustice ! Y’a pas quelques soissons avec de la bonne soivre, un porcelet, une chèvre rôtie, quelques cygnes blancs bien poivrés ? Ces amuse-bouche m’ont mis en appétit ».
La définition du mot Bombance
Alors à défaut d’être sûr de la définition du petit bonhomme de chemin, on va aller voir ce que dit notre ami le petit Robert. Bombance : nom féminin (venant de l’ancien français boban, orgueil, avec influence de bombarde, trompette. Un peu plus loin il est expliqué que faire bombance est une expression qui veut dire faire bonne chère, manger abondamment. En d’autres termes, cette locution signifie faire un repas de fête au cours duquel on s’amuse et surtout on mange et on boit beaucoup. Finalement je n’étais pas très loin…
Bref, pour résumer, la bombance c’est un bon gueuleton plutôt copieux avec plusieurs plats et de préférence bien lourds.
La naissance du projet Bombance
L’idée de faire des soirées bombance a germé dans la tête d’Étienne et Guillaume deux amis grands passionnés de cuisine. Tout débuta au hasard d’une rencontre entre deux voisins autour d’un escabeau et d’une boîte à outils. Le bricolage générateur de lien social ? Personnellement je n’y crois pas tant commencer à bricoler me rend peu…sociable…Toujours est-il que très rapidement ces deux amateurs de bonne cuisine ont sympathisé et surtout commencé à régulièrement partager des repas.
De ce duo ainsi constitué allait rapidement émerger émulsions et émulations. Pour les avoir approchés de près, il se dégage de ce tandem une véritable énergie positive. De celle qui permet d’amalgamer autour d’eux gourmandes et amateurs de bonne chère. Ainsi de deux à table, ils se sont rapidement retrouvés à quatre. Lorsque le chiffre de quinze fut atteint, les gaillards se sont retrouvés face à une énigme qui aurait -sans doute- eu sa place dans le film « Inception » : Soit la surface de leurs apparts avait rétréci au fil des soirées, soit le concept de leurs petites sauteries répondait à un véritable besoin plus global de se retrouver autour des valeurs de gourmandise, de partage, et de convivialité.
Tels des Iron Fist et Power Man de la gastronomie, Il leur fallait agir ! C’était ni plus ni moins leur devoir de super héros de la boustifaille ! Le projet Bombance était né !
Le concept des soirée bombance à Caen
Ainsi de leur envie de partager avec nous les valeurs de gourmandise, de partage, de convivialité et plus globalement leur amour des bonnes choses, leur vint l’idée de faire voyager dans le temps la bombance. Ainsi deux siècles plus tard, Etienne et Guillaume ont décidé de s’amuser à remettre la Bombance au goût du jour dans une nouvelle version. Le principe de ces soirées à Caen est aussi simple qu’efficace : une soirée, une recette, un lieu.
La soirée se veut chaleureuse et conviviale. C’est une sorte de célébration festive où bonne humeur, bonne bouffe et bonne musique mettre la main à la pâte pour nous offrir une ambiance de bamboche unique. A chaque édition, Guillaume et Etienne nous proposent une recette unique pour la soirée. Souvent ce sont des classiques de la street-food qu’ils revisite avec malice pour les mettre à leur sauce.
Les deux compères sont comme le petit bonhomme de chemin. Ils aiment les beaux produits. Ainsi leurs recettes -disponibles uniquement à cette occasion- sont toujours élaborées à partir de produits frais, de saison, et de qualité. Il va sans dire que ces mêmes produits sont sélectionnés chez des artisans et producteurs locaux. Ce qui m’a également énormément séduit c’est le fait qu’ils incorporent à leur recette une méthode de cuisson venant des USA. Les aliments sont cuits par la fumés à basse température. Le goût de fumé est incomparable!
Enfin, concernant le lieu, il est ouvert à toutes et tous ! Pas de dress code, pas de consignes, pas de réservation. Leur crédo est simple: un Lieu est le rendez-vous des bons vivants, des gourmands qui veulent se régaler et s’ambiancer le temps d’un soir.
Petit retour sur les premières soirées Bombance à Caen
À ce jour , Guillaume et Etienne nous ont déjà concocté quatre agapes ayant pour genèse leurs recettes du paradis culinaire que Bacchus himself n’aurait pas reniées.
Les deux sorties à Caen au bar Les 3 marches
C’est au début de la rue basse à Caen, dans les contrebas du Vaugueux que les deux premières éditions ont eu lieu. C’était presque une évidence que cela se passe au bar les 3 Marches ! La Vivanterie du lieu ne pouvait que rencontrer la Bombance des deux acolytes. Les bonnes petites choses à grignoter et à boire des uns et des autres ne pouvaient que se retrouver un jour ou l’autre. Un peu comme dans un roman d’amour où la cochonnaille tombe éperdument amoureuse de la bière ambrée. Un jour il faudra que je vous raconte mon oral de bac français où j’ai dû présenter le théme de l’érotico-culinaire dans la littérature. Ainsi vous comprendrez sans doute mieux mes références littéraires. Enfin bref, pour la petite histoire, et pour terminer sachez que c’est d’ailleurs sous le nom de vivanterie que les deux premières soirées eurent lieu.
Pour ces deux premières lors de l’été 2019, ce fut plus de deux cents personnes qui répondirent à l’appel de la bonne chère, pour venir se faire plaisir le temps d’une soirée. Lors de la première session, j’ai découvert une mozza fumé comme je n’en avais jamais mangé. C’est à l’occasion de leur second opus dans ces murs que le Teckel, le chien chaud, est né. Ce Hot-Dog avec une saucisse fumé lentement par leurs soins. Sur place, on pouvait aussi déguster un pâté en croûte de compet’, signé Christophe Tourneux meilleur Ouvrier de France.
La Bombance 3 : Back in Black Au Brew Bar
La bombance avait pris comme une bonne sauce. Il était donc temps pour eux de prendre leur envol, l’itinérance ne leur faisant pas peur. C’est ainsi qu’en Novembre 2019, la Bombance d’Etienne et Guillaume posa ses tabliers sur le port de Plaisance de Caen au Brew Bar. A sa tête Ross Tapp que le petit bonhomme avait rencontré pour causer de bières et de sa brasserie artisanale. Aujourd’hui, l’ami irlandais propose dans son bar à bières des bières locales artisanales dont une sera brassée sur place. Et en cas de petit creux, des gamelles de charcuterie et fromages issus de produits de la région sont proposées.
Ce troisième opus fut une sacrée réussite ! A mes yeux, ce fut même la meilleure. Leur Back in Black Pastrami est loin d’y être étranger. Comment voulez-vous résister à :
- De bonnes miches de pain calibrées sur mesure avec Mariatte, artisan boulanger caennais
- Du chou rouge légèrement vinaigré, de la Maison Argentain, au Havre
- Du fromage de la Fromagerie Conquérant
- Le Pastrami de Black Angus maison fumé façon US par nos deux compères!!!
Enfin, notons que pour cette nouvelle « gogaille », Brice un petit nouveau rejoignit l’aventure Bombance. Son travail à la vidéo permet de bien retranscrire l’atmosphère chaleureuse et conviviale de la Bombance.
La Bombance 4 au bar Les déserteurs
Fin Janvier et après avoir bien profité des fêtes, c’était Back in Town pour Bombance. Le rendez-vous était alors donné au bar Les déserteurs rue de Geôle. Et pour relancer la machine, les garçons avaient sorti de leur marmite magique, l’artiste caennais Fulgeance. Alors au menu, pour aller avec ce bon son qui réchauffe les corps et les cœurs, il était de bon ton pour eux de nous proposer une recette pleine de soleil, une recette méditerranéenne… Bon, remise à leur sauce bien entendu !
Le casse dalle pour l’occasion fut baptisé le Gyros des Prés. Même si la base de celui-ci est un pain pita grec et avec de la feta, des produits bien normands se sont incrustés l’air de rien. Ainsi de l’agneau de pré salé cuit lentement façon US est venu garnir le dernier né de leur dwiche. Il n’est d’ailleurs pas venu seul de Manche puisque betterave jaune, carotte et salsi-frit, l’ont accompagné. Rajoutez la-dessus une sauce maison venue relever cette belle petite création street food.
Les connections des deux compères de la bombance
Ce que j’aime dans le choix actuel, c’est qu’au-delà de l’idée trop répandue que faire un sandwich c’est simple, c’est qu’il est ultra difficile de tricher avec un sandwich ! Il leur faut donc des produits ultra quali’. Ainsi, -et comme ils aiment à le dire- avec la bombance, ils remontent le temps, mais aussi les filières pour nous dégoter de bons petits producteurs.
Leurs parcours gourmands
Pas de faux mystère, Guillaume n’est autre que le photographe du Dimanche. Dans cet autre pan de sa vie, ce dernier a su joyeusement faire fricoter sa passion pour la gastronomie avec son autre passion: la photographie. Si vous êtes un (e) habitué (e) des réseaux sociaux sur Caen, vous n’avez notamment pas pu échapper à ses photos des créations de nos chefs cuisiniers locaux.
A ses côtés, Etienne (le gars qui emprunte les escabeaux) est de la trempe de ces gars, qui approchant trente ans, lâchent tout pour faire ce qu’ils aiment. C’est ce qu’il fit il y a bientôt deux ans pour se reconvertir dans la cuisine. Avec sa formation de CAP en poche , au cours de laquelle il apprit des chefs et de leur équipe, il se donne aujourd’hui l’occasion de concocter des recettes gourmandes et différentes selon ses envies et ses idées du moment. Une personne qui choisit de faire ce qu’il veut et qui ose s’en donner les moyens, c’est tout ce que le petit bonhomme de chemin aime !
Leurs connections gastronomiques
Ces liaisons « dalleuses », nous avons commencé à les voir lorsque nous avons évoqué les quatre premiers événements Bombance. Tout d’abord, il est impossible de ne pas citer l’artisan Tourneux traiteur rue de la Seine à Caen ! Une famille et un homme Christophe Tourneux ayant réussi à faire de la charcuterie un délicieux mariage entre qualité, fraîcheur et originalité gustative et aussi beauté visuelle, oui cela fait un ménage à quatre. Mais comme le dirait un ami mormon sur le mariage plural « quand on aime on ne compte pas ».
Ensuite, nous pouvons aussi mentionner la Fromagerie Conquérant dont j’avais réalisé un article un peu après leur ouverture en 2017 (Ce qui me fait penser qu’il serait peut-être temps de leur consacrer un nouvel article). Dans leur boutique se trouvant rue Guillaume le Conquérant, j’adore entre autres leur Trappe d’Echourgnac, et j’y ai découvert le Caussenard.
Mais au lieu de faire moi-même l’énumération de leurs complices de ripaille, je pense qu’il est bien mieux de les laisser nous dégoter leurs bonnes adresses culinaires qui savent accorder générosité, passion, terroir…
Ou sortir à Caen ? Les recommandations de Guillaume et Etienne
Vous savez, j’ai un rêve ! Ils y en a qui veulent marcher sur la Lune, moi c’est de partager de la bonne bectance avec la Streetfoodista Mina Soundiram de l’émission Très très bon sur Paris Première. Alors avoir Etienne et Guillaume sous la main, c’est presque toucher le Graal. Et vu que ce sont deux bons gars, ils ont bien voulu me donner leurs bonnes adresses.
Les bons plans d’Etienne
Côté verre: Etienne nous propose -entre autre- d’aller prendre découvrir les bars suivant:
- Les 3 Marches, 15 Rue Basse, 14000 Caen
- Le Boudoir, 15 Rue Pemagnie, 14000 Caen
- Le Comptoir, 3 Rue Saint-Sauveur, 14000 Caen
Côté table: Il nous dit -si ce n’est pas déjà fait- d’aller poser nos petites fesses dans les restaurants suivant:
- La grande Bouteille 11 Rue Caponière, 14000 Caen
- La table de JF, 87 Rue de l’Oratoire, 14000 Caen
- le Mooky’s, 24 Rue de la Fontaine, 14000 Caen
Les adresses caennaises de Guillaume
Côté verre, et pour les amateurs de cocktail, Guillaume vous conseille de prendre la direction du bar:
- Les déserteurs
Côté table: Guillaume vous conseille le premier pour sa cuisine simple, gourmande pas prétentieuse mais terriblement efficace. Et pour le second, la cuisine d’Anthony Caillot est celle qui se rapproche le plus de sa sensibilité culinaire.
- Le Ty Gibus d’Oliver Briand
- A contre-sens d’Anthony Caillot
Côté boutique, Guillaume vous conseille entre autres:
- le traiteur charcutier Christophe Tourneux
- La fromagerie Conquérant
- Alban Guilmet et ses petites douceurs sucrées
- Et enfin les italiennes du Vaugueux. Guillaume est devenu fan de leur Guanciale
Mon univers alternatif : de la bombance à la « génance »
Dans un univers alternatif j’aurais voulu pousser le concept de la bombance un peu plus loin. Lors d’un week-end, j’aurai voulu célébrer la bamboche en organisant un gueuleton digne des bacchanales. Cette grande messe de la réjouissance aurait eu un nom et un slogan: La Frairie de la bonne chère : Le haut lieu pour finir à poêle ou à la casserole.
J’aurais pour cette première mis les petits plats dans les grands et acheté en masse gâteaux, poisson, charcuterie, vins et autres alcools. Mais le plaisir aurait été de courte durée. Cela aurait été un festival de refus. Seuls Dominique Strauss Khan ainsi que Patrick Balkany et sa femme auraient répondu à mon invitation.
Notre belle petite brochette ne se serait pourtant pas laissé abattre. Nous aurions, vaille que vaille, bien entamé l’ensemble des plats et des préparations. A partir d’un moment -l’alcool n’y aurait pas été étranger- DSK aurait commencé à devenir un peu étrange et à ne cesser de répéter la phrase de Kadoc « Elle est où la poulette ? ». Un peu gênant non ?
Une chanson de sosie, un souci et de grandes poches
Du coup, j’aurais fini par ne plus être dans mon assiette. Après minuit, les « Balkany » auraient commencé à remplir leurs poches de ce qu’ils n’arrivaient plus à ingurgiter. J’aurais alors mis les pieds dans le plat. J’aurais chanté comme une casserole –bien entendu- la célèbre chanson de Patrick Topaloff « j’ai bien mangé j’ai bien bu ». Hélas j’aurais pris un véritable four. En effet, le couple Balkany aurait compris cela comme une nouvelle façon de sous entendre qu’ils allaient un peu trop souvent à la soupe. Le ton aurait vite monté et j’aurais fini par mettre tout le monde dehors car…
En gastronomie, comme en politique il n’est jamais très bien vu de s’en mettre plein les poches