Samedi dernier avait lieu à l’artothèque de Caen le vernissage de l’exposition « Alger, climat de France » du photographe Stéphane Couturier. Il y a quelques semaines, je vous avais déjà parlé de l’artothèque et de leur initiative d’organiser une murder party dans le cadre de l’exposition sur le travail de Guy Lemonnier. Cette approche différente à l’art m’avait beaucoup plu. Oui, je ne suis pas féru d’art mais étant plutôt curieux de nature j’avais été plus qu’accroché. Cette fois, ma curiosité de mec moyen a été piquée par le choix de la thématique du photographe Stéphane Couturier, qui renvoyait à quelques éléments de mon parcours personnel. Je me suis donc jeté à l’eau et participé à mon premier vernissage.
Table des matières
Etape 1 : Stéphane Couturier et Climat de France : présentations
Si vous êtes comme moi, ces noms ne vous disent pas grand chose, il n’y a rien de honteux à cela. Avoir des lacunes en matière d’art n’est pas une maladie honteuse, même si effectivement je l’ai longtemps vécu ainsi. Il n’y a rien de rédhibitoire à être vierge de toutes références, c’est même l’occasion d’explorer un univers inconnu. Alors bien sûr, ce n’est pas aussi périlleux que de découvrir l’Amérique ou que de s’embarquer pour Mars. Cependant, le dépaysement intellectuel est souvent au rendez-vous.
Qui est Stéphane Couturier?
Ce photographe français travaille depuis de nombreuses années sur l’espace urbain, ses développements et ses métamorphoses. Ses recherches l’ont mené notamment à explorer Paris, Berlin, La Havane ou encore Séoul. L’univers photographique de Stéphane Couturier donne à voir des fragments de réel, des instants du quotidien. Une sorte de photographie de l’instant non pas volé mais partagé. L’architecture demeure le thème mais son appropriation par l’humain est un chemin de lecture pour le spectateur.
Depuis 2011, Stéphane Couturier explore la capitale algérienne, et en particulier les quartiers de Bab El Oued et de Climat de France.
Climat de France : un quartier d’Alger
Ce quartier fut construit dans les années 50, par l’architecte Fernand Pouillon. cet ensemble est habité aujourd’hui par une population de près de 50 000 personnes. Il est construit en pierre alors que la norme de l’époque était plutôt au béton armé. L’objectif était alors d’endiguer la crise du logement. Au fil des décennies, les habitants de Climat de France se sont appropriés les lieux, les aménageant selon leurs besoins, et s’y inscrivant intimement.
Le travail de Stéphane Couturier présenté à l’artothèque de Caen regroupe des instants de la vie de ce quartier mais aussi des portraits d’habitants, qu’il filme ou photographie. Ainsi nous sommes témoins du télescopage visuel mais aussi culturel, entre le mode de vie contemporain algérois et l’architecture venue d’un autre univers et d’un autre temps. C’est très visible lorsqu’il porte son objectif sur les façades de Bab El Oued et sur les immeubles haussmanniens construits durant la période coloniale.
Etape 2 : Ce que le bonhomme a pensé de l’exposition Alger, climat de France
Réponse : Que du bien ! Comme je vous l’ai dit précédemment, le bonhomme a peu de références en matière artistique. Cependant au fil des clichés et de la visite ont émergé de vieux souvenirs. Tout d’abord mes cours de fac sur la Cité Radieuse de Le Corbusier. Dans un second temps, j’ai trouvé un écho avec une photographie qui me fait face tous les soirs: Les locataires de Robert Doisneau. J’ai donc compris que cette exposition de Stéphane Couturier était en parfait accord avec mon goût pour les façades et celles des instants du quotidien. A Caen, j’ai d’ailleurs une affection particulière pour la façade en trompe-l’œil se situant au début de la rue de Bayeux.
Bref, finalement, même vierge de toutes références, une oeuvre trouve toujours une résonance à des fragments de notre passé. Et c’est sans doute cela l’un des desseins de l’art…
Etape 3 : L’univers alternatif : Voyeur? Non! Artiste…
De retour de cette exposition, j’aurais très bien pu vouloir assouvir ma passion pour les façades et pour les tranches de vie, en me postant façon paparazzi devant la façade de l’immeuble en face de chez moi. Avec mon appareil photo et même une petite caméra, j’aurais alors rapidement connu quelques soucis de voisinage. J’aurais eu beau soutenir que c’était un travail artistique, mon voisin n’aurait pas du tout eu le même avis. D’ailleurs son avis aurait vite fait le tour du quartier: « Attention un voyeur rôde et prend des photos de vous » . Résultat des courses, ma renommée d’artiste n’aurait absolument pas décollé. Par contre ma réputation de voyeur aurait -elle- grimpé en flèche. Moralité…
…on ne se décrète pas artiste surtout lorsque le sujet de votre travail est plus costaud que vous…