A mes yeux, et pendant très longtemps, aller dans un musée avec un bébé s’apparentait à un épisode de la quatrième dimension. Avant d’avoir ma fille, et même durant ses tout premiers mois, il me semblait inconcevable d’organiser une visite au musée avec elle. C’était, sans doute, par méconnaissance, étant -soyons honnête- pas totalement familier avec l’univers de l’art et des musées. Cependant le défi fut relevé il y a quelques temps. En effet, l’artothèque de Caen située dans le Palais ducal a organisé en Septembre dernier un atelier langue des signes bébé. Le bonhomme en a donc profité pour s’y rendre avec sa fille et joindre l’utile à l’agréable.
Table des matières
Pourquoi aller à l’atelier langue des signes bébé ?
Je ne vais pas vous cacher que l’artothèque de Caen tient une place toute particulière dans ma « psyché » parfois étrange. Cela s’explique par le fait que ma toute première invitation reçue en tant que « bloggeur » me fut envoyée par cet espace d’art contemporain de Caen. Une part d’affect s’est dès lors naturellement greffée à ma relation avec la locataire du Palais Ducal. Ensuite, pour continuer dans l’honnêteté, je dois vous dire que cet atelier « signer avec bébé » est le second auquel je participe. A l’occasion du premier atelier, j’avais accompagné ma petite et ma compagne. Ma fille était alors très petite et avait dormi durant cet atelier conté et signé ouvert aux bébés de 0 à 3 ans. En sortant, je m’étais alors promis qu’au prochain, et une fois qu’elle serait plus grande, nous y retournerions.
Mais les deux raisons majeures qui ont achevé de me décider furent principalement mon excellente expérience du prêt d’œuvres à l’artothèque ainsi que les potentialités qu’offre le fait de signer avec bébé.
Le prêt d’œuvres d’art avec l’artothèque de Caen
J’ai découvert ce concept dans le restaurant Les Petites Bouches qui utilisait le prêt d’œuvres pour enrichir sa décoration. A l’époque, je n’avais aucune idée de la faisabilité de se faire prêter des œuvres en tant que particulier. Et dans un second temps, j’ai imaginé que le prix devait être exorbitant Mais voilà, je suis un petit curieux, et j’ai fini par -quand même- demander les modalités du système de prêt à l’artothèque. Bien m’en a fait…
En effet, j’ai de suite été séduit par la simplicité du concept d’emprunt mis en place par l’artothèque et très étonné du prix. Seulement 65 euros/an pour 2 œuvres à choisir tous les 2 mois. Il n’en fallait pas plus pour que le bonhomme adopte le concept. Ces œuvres d’art qui s’installaient régulièrement dans mon salon ont totalement changé ma façon d’appréhender l’art. Mais là n’est finalement pas le sujet pour lequel vous êtes ici. Revenons au langage des signes avec bébé.
Alors pourquoi j’ai voulu signer avec bébé ?
Etant papa au foyer, la question de la communication avec ma fille est rapidement devenue la question centrale. Que veut-elle ? Pourquoi pleure-t-elle ? A-t-elle faim ? Soif ? Bref tant de questions auxquelles je veux répondre le plus promptement et parfaitement possible. Je sais pertinemment que c’est illusoire mais je n’ai toujours pas réussi à m’extirper de mon besoin d’être un papa parfait. Ainsi voulant communiquer et comprendre ma fille en allant au plus près de ses besoins, j’ai fait quelques recherches et je suis tombé sur des articles sur la communication gestuelle avec les jeunes enfants. Bien entendu, ma chère et tendre était déjà sur le coup! Nous avons donc été heureux de nous inscrire au premier atelier signer avec bébé réalisé à l’artothèque.
A quoi sert la communication langue des signes bébé ? Et à quoi cela ressemble?
Pour faire simple, la communication gestuelle ou plus communément appelée « bébé signe » ou « signer avec bébé » est un outil pour faciliter la communication entre le bébé et nous. D’ailleurs, il est facile de comprendre qu’il est parfois plus simple de parler avec les mains. On s’aperçoit même très vite qu’on le fait déjà quasi naturellement avec bébé. Cependant il faut savoir néanmoins que ce langage n’est pas totalement instinctif. En effet, il emprunte des signes à la Langue des Signes Française (LSF). Une période d’apprentissage est donc nécessaire, et ce de chaque côté. Attention, ce n’est cependant pas un véritable apprentissage de la langue des signes utilisée par les sourds et muets. Ce dernier répond à des exigences grammaticales et syntaxiques plus complexes.
En pratique, au début, on associe une action, la parole et le signe correspondant. Ensuite, on laisse le temps d’apprentissage nécessaire se faire. Bébé a alors à sa disposition le choix de l’utiliser ou non pour nous communiquer ce dont il a besoin ou envie. Ainsi, l’enfant devient acteur de ses propres besoins. Honnêtement c’est très ludique, et quelle fierté et bonheur lorsque le petit bout de chou fait son premier signe!
L’atelier langue des signes bébé proposé à l’artothèque de Caen
Le concept et la philosophie de cet atelier signé bébé
L’objectif est de proposer une visite familiale qui renforce le lien entre parents et bébé mais qui permet également de découvrir l’art de façon différente. Lors des ateliers Langue des signes bébé, Jennifer, passionnée de sciences cognitives, propose une histoire qui prend appui à la fois sur ce que le tout-petit connaît, comme des petites comptines mais également des éléments artistiques. On peut même dire, sans sourciller, que les œuvres sont le support de l’histoire! Cet atelier conté signé-bébé d’une petite trentaine de minutes s’adressant aux 0-3 ans cherche de façon ludique à activer les différentes formes d’intelligence de bébé. Les tout-petits sont de vraies « éponges » et sont ultra réceptifs. De ce fait, ils apprennent très vite, les signes, leur sens, et la liaison entre une action et un signe.
Outre, ce moment d’apprentissage ludique et de partage enfant/parent, il y a une vraie volonté dans ces ateliers à ouvrir l’art aux plus jeunes. A mon sens, en commençant tôt, et de cette façon, c’est le meilleur moyen de leur permettre de passer un bon moment au musée, de s’y sentir bien. Je dirais presque d’apprivoiser le musée. Ainsi, l’enfant et les parents seront plus à l’aise avec cet univers. Et -une fois en confiance- ils iront plus loin dans la découverte.
Comment se sont déroulés les deux ateliers signé bébé de l’artothèque
Avec un nombre de places limitées garantissant la qualité de l’atelier langue des signes bébé, j’ai logiquement réservé pour participer à ces deux ateliers. C’est d’autant plus important que l’artothèque propose ces derniers gratuitement !
Le premier atelier langue signe bébé se déroula autour d’un conte mettant en scène une petite souris qui rencontrait différents animaux, avec comme support des œuvres disponibles à l’artothèque. L’occasion pour les enfants –et les parents- d’associer un mot verbalisé et un mot signé pour chaque animal.
Le second atelier prit appui sur l’exposition « Où » du plasticien Etienne Bossut qui se tenait alors à l’artothèque. A cette occasion, Jennifer nous conta une histoire sur les déambulations d’un petit crocodile. Cette déambulation nous permit de, nous-mêmes, partir à la découverte de l’exposition au sein de l’artothèque.
Pourquoi le bonhomme a apprécié ces ateliers signé bébé
Le bonhomme a fortement apprécié pour deux raisons majeures ! Tout d’abord pour la véritable utilité de la langue des signes bébé avec notre petite fille. Ensuite, pour la façon d’ouvrir le monde de l’art aux enfants mais aussi aux parents.
Le signé bébé : Des signes pour aider la communication avec notre fille
Depuis le premier atelier et les 4 mois de ma petite bestiole, nous avons commencé à introduire quelques mots tels que manger, encore, chat, ou encore dodo… Bien entendu, dans ce premier temps, sa maîtrise des mains n’était pas encore totale, donc elle n’utilisait pas le signé bébé. Très franchement, à un moment je doutais même du fait qu’elle ait bien saisi le projet… Mais c’est bien vers 8/10 mois que les tout-petits commencent à communiquer avec les mains. C’est à cette étape qu’ils commencent à imiter, faire ou comprendre « bravo » ou encore « au revoir ».
Notre volonté de lui apprendre le signé bébé se nourrit du fait que notre bébé est « très tonique » comme dirait notre pédiatre. La traduction dans le réel: c’est une petite qui ne tient pas en place et se fruste assez vite. Du coup, nous avons voulu, qu’en matière de communication, elle puisse avoir un outil supplémentaire pour exprimer ses besoins. Et ainsi éviter qu’elle ne se frustre. Aujourd’hui, un peu après ses neuf mois, elle a commencé à utiliser le mot « encore ». Et croyez-moi, elle s’en sert à bon escient. Pour ce qui est de manger, naturellement, mais aussi lorsque son grand-père fait des pitreries.
L’art comme support de l’atelier : une belle porte d’entrée au musée
Le fait que l’artothèque utilise les expositions et les œuvres comme support aux ateliers et à l’histoire contée me paraît d’une valeur ajoutée incomparable. Ouvrir l’art aux plus jeunes ne peut être que bénéfique pour leur développement personnel. Et cela ne peut pas faire de mal aux parents non plus! Et je parle en connaissance de cause! Par exemple, je ne serais sans doute jamais allé voir l’exposition consacrée à Etienne Bossut. Jamais je n’aurais connu cet artiste sachant, dans ses moulages, mêler design, surréalisme, et humour. Un univers qui était à priori loin de ce qui peut m’attirer. Cette façon de découvrir une expo me donne vraiment hâte de participer au prochain atelier !
Allez plus loin que la Langue des signes bébé à l’artothèque de Caen
Si vous avez des enfants plus grands, l’artothèque propose également pour les quatre ans et plus, chaque premier mercredi du mois, Goûtez l’art. Ce moment permet de découvrir aussi l’art en famille accompagnée par une médiatrice culturelle lors d’un atelier et d’un goûter. Enfin, si vous êtes intéressé par l’introduction de l’art aux enfants, je ne peux que vivement vous conseiller de suivre les comptes instagram et Facebook de Mum in Normandie et We Art Family. Vous y trouverez bien plus de matière qu’ici, et de bien meilleure qualité.
Univers alternatif : la nuit au musée, la suite…
Dans un univers alternatif, je n’aurais pas été très féru d’art et de musées. Je n’aurais eu pour référence que le film La nuit au musée avec Ben Stiller. J’aurais alors cru que tous les musées du monde possédaient leur propre tablette magique qui fait revivre les objets inanimés durant la nuit. Ainsi j’aurais entrepris de me faire enfermer dans l’artothèque pour voir de mes propres yeux ce phénomène.
Drôle de Belphégor
L’occasion se serait présentée après un vernissage où j’aurais réussi à m’éclipser pour me cacher dans un coin pour attendre la fermeture. A la tombée de la nuit, je n’aurais hélas rien aperçu du tout, hormis le fantôme…d’un porc qui chantait en boucle la chanson de J.J Goldman « il suffira d’un signe. Ce drôle de Belphégor du Palais Ducal m’apprit alors que l’artothèque proposait des ateliers signé bébé. Il m’aurait alors fait promettre de participer aux prochains ateliers Langue des signes bébé. Ce que je fis, ne sachant pas trop ce qu’aurait été capable de faire un cochon fantôme.
Après cette nuit-là, j’aurais fait part de cette étrange expérience autour de moi. Cependant les gens n’auraient jamais bien su si c’était de l’art ou du cochon. Mais toujours est-il que -pour moi- cela aurait été un signe et j’aurais débuté le langage des signes avec ma fille.
Moralité : N’attendez pas un signe pour participer à un atelier signé bébé