Vous ne le savez peut-être pas encore mais sur le blog, je ne parle que des films que j’ai vraiment aimés. Et cette semaine sort le film Rebelles. A l’invitation du Pathé des Rives de l’Orne, j’ai pu voir en avant-première la projection de ce dernier. Comme à mon habitude, je m’y rends quasiment à l’aveugle en ne sachant que le nom du réalisateur : Allan Mauduit. Cela me permet de découvrir les films sans a priori. Ce réalisateur a été auparavant -avec Jean-Patrick Benes- à la réalisation de la série Kaboul Kitchen et du film Vilaine. Des références plutôt alléchantes pour le petit bonhomme de chemin. Alors comme un ami plombier italien: Here we go !
Table des matières
Le synopsis du film Rebelles
Le film nous invite à suivre Sandra, ex-miss Pas-de Calais, qui revient s’installer chez sa mère à Boulogne-sur-Mer après 15 ans sur la Côte d’Azur. Sans boulot ni diplôme elle est embauchée à la conserverie locale. Repoussant vigoureusement les avances de son chef, elle le tue accidentellement. Deux autres filles, Nadine et Marilyn sont témoins de la scène. Alors qu’elles s’apprêtent à appeler les secours, les trois ouvrières découvrent un sac plein de billets dans le casier du mort. Elles décident de se partager le magot. C’est là que leurs ennuis commencent et que le quotidien ordinaire de Nadine, Marilyn et Sandra va devenir extra ordinaire…
C’est donc un polar tragi-comique que nous propose Allan Mauduit avec des accents de western moderne, de l’humour noir, de l’absurde et même un côté Badass pas du tout déplaisant.
Le contexte de la réalisation de Rebelles
Allan Mauduit se lance seul à la réalisation
Après avoir travaillé de concert avec Jean-Patrick Benes, Rebelles est le premier film d’Allan Mauduit en solo. Avec son compère, ils ont à leur crédit en 2007, le corrosif film Vilaine avec Marylou Berry et la série TV Kaboul Kitchen en 2012. Série qui invite à découvrir l’Afghanistan par le prisme de la comédie. Si vous ne l’avez jamais vu je vous le conseille.
Ici avec Rebelles, il s’amuse à mélanger les genres et se joue clairement des étiquettes. Il nous propose une comédie plutôt Rock’N Roll avec scénario atypique, décapant et décalé. Ni parodique ni satirique, il nous plonge dans une atmosphère mêlant noirceur, drôlerie et émotion. L’histoire de ces trois ouvrières ne tombe absolument pas dans le pathos. Bien au contraire, ces héroïnes de Boulogne-sur-Mer vont prendre leur destin en main. Prises au dépourvu, elles révèlent une véritable capacité de réaction que peut-être elles-mêmes n’auraient sans doute imaginée.
Du Girl Power ? En tout cas, un film plus féminin que féministe.
La question se pose presque d’elle-même avec un tel synopsis et trois héroïnes en tête d’affiche. Ces dernières prennent des rôles et des postures qui sont d’ordinaire réservées aux personnages masculins lorsqu’ils sont plongés dans un univers mafieux. Et même si Sandra, Marylin et Nadine se retrouvent plongées dans cet univers d’ordinaire réservé aux hommes, elles ne jouent pas aux mecs.
Ensuite, comme dit précédemment, face à cette situation extra ordinaire, ces femmes choisissent de ne pas subir et d’être pleinement maîtresse de leur destin. Elles sont peut-être maladroites, et commettent peut-être des erreurs mais elles ne renoncent pas et c’est ce qui les rend très attachantes. Elles n’ont pas besoin des hommes pour commettre des erreurs mais pour réussir non plus ! De plus, elles se battent, tirent aux flingues mais n’en n’oublient pas pour autant leurs atouts féminins : charisme, séduction et autorité. Je n’y vois pas de discours, de posture de la part de Allan Mauduit mais bon, nous sommes donc très loin du film de copines.
Le film Rebelles, une comédie sociale ?
Il y a de ça ! Cette comédie s’inscrit dans le milieu ouvrier et le décor aide sans doute aussi. C’est le côté anglo-saxon presque à la Ken Loach. En tout cas dans mon esprit, Rebelles a tilté avec The Full Monty. Ce groupe de personnes de milieu populaire qui, ensemble, par des chemins de traverses, tente de s’en sortir. Je pense Full Monty car je n’ai vu aucun regard misérabiliste sur le milieu dans lequel évoluent les héroïnes. Il a une même vraie tendresse, car Mauduit montre que tout n’est pas drame dans les terreaux ouvriers. J’avais presque envie que Robert Carlyle (alias Steve dans Riff-Raff, alias Begbie dans Trainspotting alias Gaz dans The Full Monty) débaroule dans le film ! Finalement on se retrouve face à trois gonzesses campant des personnages de prolos avec lesquels on se marre. Pas si commun !
Les actrices du film Rebelles
Le film d’Allan Mauduit est porté par un trio d’actrices composé de Cécile de France, de Yolande Moreau et d’Audrey Lamy. A leurs cotés, deux rôles masculins, et deux acteurs que sont Simon Abkarian et Samuel Jouy.
Cécile de France en mode caméléon
En effet, je l’avais laissée en Mademoiselle de Joncquières et je la retrouve en Sandra. J’ai même mis quelques secondes à retrouver qui était derrière ce personnage de « cagole » de la Côte d’Azur portant un manteau de léopard, des lunettes bling-bling, un maquillage outrancier et bien sûr des faux ongles. Sandra, une ancienne Miss Nord Pas-de-Calais aigrie, revient dans sa ville natale après 15 ans passés dans le Sud. Le retour est dur et vécu comme une régression. Le vernis craque de partout et les artifices de sa beauté s’étiolent rapidement dès son retour.
L’actrice belge réussit à être à la fois drôle et trash dans ce rôle. Son personnage n’a ni règle ni morale. Mais dans le même temps, Cécile de France sait conserver un étrange côté glam’ en incarnant cette Miss déchue.
Audrey Lamy en mode rebelle
Audrey Lamy compose un personnage de rebelle qui refuse de rentrer dans les cases que la société lui propose. Marilyn a choisi de s’affranchir du regard d’autrui. Il y a une vraie dimension punk dans cette jeune femme au sens profond du terme : libre et sans limites. Ainsi, elle est extrême dans sa façon de penser : on ne sait jamais à quoi s’attendre et surtout parce qu’elle agit avant de réfléchir…
Enfin, si je devais faire petite confession, je rêvais depuis longtemps de découvrir à l’écran un personnage féminin comme celui de Marilyn. Comme ces Anglaises qui enfilent des fringues improbables pour aller se mettre minables au pub. La première scène avec elle nous plonge direct dans le personnage. Je sais, j’ai des drôles de rêves parfois, mais honnêtement citez moi un autre personnage féminin de ce type ?! Bref, Audrey Lamy est celle qui électrise l’atmosphère avec ce rôle de Marilyn.
Yolande Moreau en clown blanc
Dans Rebelles, elle joue le rôle de Nadine. C’est la raisonnable de la bande de trois. C’est celle qui essaye tant bien que mal de tempérer les deux autres. Elle est à la fois sensible et pleinement ancrée dans la normalité et dans le réel. Yolande Moreau apporte toute sa sensibilité à ce personnage de mère de famille. Mais peu à peu elle va se métamorphoser, s’émanciper de tout et même finir avec un fusil à canon scié dans les mains.
Mais aussi les rôles masculins de Simon Abkarian et Samuel Jouy
Simon Abkarian joue le rôle de Simon un petit truand est prêt à pas mal de choses pour s’en sortir. L’acteur, déjà vu dans Kaboul Kitchen, a pleinement réussi à exprimer toutes les contradictions d’un personnage finalement terriblement humain. Un anti-héros comme je les aime. L’autre personnage masculin est celui d’un flic vénal, sexy et un peu sentimental.
L’avis du petit bonhomme sur le film Rebelles
Ce fut une vraie belle surprise ! Avec Allan Mauduit, on sait qu’il faut s’attendre à tout et pourtant on se fait tout de même cueillir ! L’histoire mélangeant polar à base de gangsters et comédie déjantée nous surprend. Le rythme du film est dynamique. Le film est amoral mais Rebelles ne verse jamais dans la méchanceté gratuite.
En sortant, on sait qu’on a vu un film réjouissant lorsqu’on a le sourire aux lèvres. Et ce fut mon cas après la projection. J’ai fortement aimé la folie décapante et jubilatoire qu’Allan Mauduit a transmise dans son film. De plus, Il y a de impertinente et une vitalité qui fait plaisir à voir à l’heure où le conformisme et le politiquement correct gagnent du terrain tous les jours. Pour être un peu critique, j’ai été moins séduit par Audrey Lamy mais j’ai l’honnêteté de vous dire que je ne vois absolument pas qui aurait mieux habité le personnage de Marilyn.
Alors, pour résumer ce film, c’est un peu comme si du Tarantino rencontrait l’humour noir anglais, le tout sur fond de comédie sociale saupoudrée de Girl Power. Avouez , rien que par curiosité, vous êtes tentés de filer mater Rebelles!
La fin alternative que vous ne verrez jamais dans le film Rebelles
Dans la bande annonce du film Rebelles, Sandra, Marilyn et Nadine se retrouvent avec un beau paquet de fric et à produire des conserves de maquereaux avec…le corps de leur chef Jean-Mi. Et si à la fin du film, on découvrait qu’il y avait anguille sous roche et que Jean-Mi n’était seulement que l’enveloppe corporelle d’un démon envoyé sur terre par Satan pour y faire le mal.
Ainsi, il aurait réussi à se réincarner en proxénète, normal -me direz-vous- lorsqu’on passe par la case des boites à maquereaux. Mais ce dernier aurait perdu quelques facultés mentales dans la manœuvre. Dans sa nouvelle vie, il aurait eu comme leitmotiv le très peu classe « Ce n’est pas parce qu’on est un Thon qu’on ne peut pas être sur le trottoir ». Sauf qu’il l’aurait pris au pied de la lettre, et aurait commencé à lancer de véritables thons sur le pavé. Le succès ne fut –bien évidemment- pas au rendez-vous. Il se fit donc engueuler comme du poisson pourri par Belzebuth lui-même et finalement rappelé illico presto en enfer. Et Lucifer aurait fini par se faire une raison pour son fric… L’histoire se termine en queue de poisson ? Mais bon, comme on dit, la sauce fait passer le poisson…
Pas convaincu par ma fin ? Alors si vous voulez la vraie fin de Rebelles: Direction les salles de ciné dès le 13 Mars 2019…