Il y a des articles sur lesquels on aime à prendre son temps pour le rédiger, comme pour prolonger encore un peu le moment. Et celui-ci en fait clairement partie. Il y a quelques temps, j’ai pris le chemin de la côte normande et plus précisément je me suis rendu dans le Calvados entre les plages du débarquement et la ville de Bayeux. Direction Port-en-Bessin et le château La Chenevière et son restaurant nommé Le petit jardin.
Dès l’invitation à déjeuner, l’air de la chanson…Le petit jardin de Jacques Dutronc et de son parolier Jacques Lanzmann prit ses quartiers dans mon esprit. Une balade, comme une incitation à flâner, à prendre de temps de découvrir avec ses yeux, son nez et -pour le coup ici- avec ses papilles.
Alors certes celui dont je vais vous parler ne sent pas bon le métropolitain, ni le bassin parisien mais bien le Bessin et sa douceur de vivre. Mais là, rassurez-vous, rien à voir avec le titre d’une chanson de l’ami Johnny….On parle, on parle et voici que déjà se profile l’allée arborée du château…
Table des matières
Le château La Chenevière à Port-en-Bessin : Un cadre d’exception
Le restaurant Le petit jardin se situe dans l’enceinte du Château La Chenevière au cœur de son orangeraie. Il est le second restaurant du lieu avec le gastronomique Le Botaniste.
Petit histoire de La Chenevière
Dans un premier temps, cet ancien manoir du XVIIIème siècle fut la propriété de la famille Gosset. Puis, il y a un peu plus de trente ans, la bâtisse fut achetée et entièrement rénovée par la famille Dicker. Attention! Rénovation ne signifie pas ici trait sur le passé. Les murs restent clairement chargés d’histoire, et le cachet d’antan demeure. Ainsi donc, après travaux en 1988, l’adresse devient un hôtel de prestige comptant alors 15 chambres.
Aujourd’hui La Chenevière est un hôtel cinq étoiles
C’est dorénavant un établissement qui propose 29 chambres. Le domaine de La Chenevière a aujourd’hui tout le charme d’un luxe discret. Le château est aujourd’hui entouré d’un paisible et romantique parc de style anglais. On y respire la sérénité. Puis au détour d’un sentier, on peut avoir la chance de tomber sur un court de tennis qui donne envie de ressortir la raquette en bois. Plus loin, on passe une porte et se dévoile alors une très jolie piscine de style elle aussi XVIIIème. Bon ok, je ne suis pas réellement sûr qu’on puisse dire d’une piscine qu’elle possède un style XVIIIème siècle… Bref, l’ensemble mêle habilement luxe et discrétion lui conférant le doux charme d’une escapade bucolique. Ce qui est loin de déplaire au bonhomme.
Le petit jardin du Château de la Chenevière et son concept de resto-bistro
Et si nous parlions enfin gastronomie !! D’ailleurs plutôt de bistronomie… car avec le restaurant le petit jardin, le château de la Chenevière a pris le pari de proposer à la fois la délicatesse de la gastronomie et la simplicité du bistro. Un concept et une cuisine à la fois abordable financièrement mais aussi gustativement.
La déco du restaurant Le petit jardin
Avouez que je vous ai bien eu ! Vous avez cru avoir déjà un aperçu du menu et des assiettes ? Prenez le temps. A-t-on déjà vu des escapades bucoliques faites au pas de charge ? Alors Attila, il va prendre son temps et découvrir, tout n’oubliant pas de s’inspirer des lieux qui respirent eux le calme et la sérénité…
Lorsqu’on entre dans le restaurant Le petit jardin, on arrive dans une première pièce dédiée au bar. Un sens des priorités comme le bonhomme les aime. Plus sérieusement, cet espace aux accents anglais donne presque envie de musarder autour d’un verre avant de se mettre à table. Et bah voilà…Il va mieux notre Attila…il s’est calmé…Maintenant, il est bien gentil et il va prendre plaisir à découvrir les superbes toilettes du lieu et accessoirement se laver les mains. Le bonhomme veut bien déjeuner avec un barbare mais avec un barbare propre !!
Allez !! Attablons-nous ! La salle du restaurant se situe dans une grande et lumineuse verrière donnant sur la piscine. Cependant, il est possible de prendre place à l’extérieur dans un petit oasis de verdure. Cependant nous évacuons rapidement cette possibilité de peur d’avoir des soucis avec les propriétaires. Oui ! Car comme chacun sait « où Attila passe, l’herbe ne repousse pas »… Dans la verrière, le style est plus industriel avec notamment ses poutres métalliques.
Au restaurant le petit jardin, une cuisine et des recettes de saison
Et dans les cuisines, cela se passe comment ? C’est très simple, au petit jardin, on a fait le choix de travailler des produits locaux, de préférence normands à chaque fois que c’est possible, et en tout cas toujours français. Mais le joli tour de force vient du fait que quand ils vous parlent de produits locaux et circuits d’approvisionnement courts, il est difficile pour eux de faire plus local et plus court. En effet, une belle partie de ce qui se trouve dans notre assiette est issue de leur propre potager en permaculture ! Il est donc facile de comprendre que le petit jardin nous propose de déguster une cuisine fraîche avec des fruits et des légumes de saison.
A terme, La Chenevière a pour objectif d’être autosuffisant en fruits et légumes toute l’année pour les deux restaurants. Pour cela, les propriétaires font confiance à M. Ollivier, le jardinier du domaine. Ce dernier cultive sans pesticides ni engrais. En sus d’être « branché local », le château de La Chenevière propose de l’éco-responsable dans les assiettes du petit jardin et du Botaniste.
Preuve de leur amour des jardins, une fête des plantes est organisée au mois de Mai. Elle se déroule au sein même du château depuis maintenant cinq années.
Enfin, côté boissons, le restaurant le petit jardin a la même ligne directrice. Il inscrit à sa carte uniquement des vins bio et/ou biodynamique. Et pour les amateurs de bières, comme moi, ils auront le plaisir de retrouver celles de La Lie, brasserie normande locale bio et artisanale.
Un chef pour mettre en musique une carte de saison
C’est au chef Hugo Genty d’orchestrer tout cela. Personne ne part dans l’inconnu puisque qu’Hugo a longtemps exercé au restaurant gastronomique Le Botaniste avant de prendre la tête du petit jardin. En effet, le jeune homme débuta sa carrière en 2013 là-bas en tant que…commis à la viande. Un début peu banal pour cet amoureux des légumes. Sous les ordres du chef normand Didier Robin, il apprit à jouer avec justesse sur les saveurs de la Normandie. Aujourd’hui il conjugue ce savoir avec son amour des légumes…Une bien belle partition…
Une partition où il sait faire émerger les souvenirs du potager de son enfance. Sa carte est en évolution permanente…au grè des envies du chef et bien sûr des saisons. Bon allez ! Souriez ! On va enfin mettre le nez dans l’assiette…
Le déjeuner du bonhomme au restaurant le petit jardin
Avant toute chose, il faut que vous sachiez que le bonhomme vit un amour plutôt contrarié avec les légumes. Beaucoup de rendez-vous manqués et tant d’incompréhensions. Mais finalement cela m’a offert de belles surprises comme lors de ma participation à un jury lors des trophées internationaux des Calvados nouvelle vogue avec comme thématique…Les légumes.
Une entrée aux accents vikings
Par le temps lourd qui accompagna notre virée dans le Bessin, mon envie de fraîcheur me fit rapidement opter pour le saumon Gravlax. Accompagné de ses betteraves et de sa salade, il fut une parfaite entrée en matière. L’accord des saveurs douces et chaleureuses, proches de l’anis de l’Aneth et des baies roses dans la marinade était parfaitement équilibré avec la force du saumon.
De son côté, ma tendre et chère avait choisi en entrée une tartine de chèvre frais, abricot et salade d’endives. Comme dit plus haut, la carte évolue régulièrement. Ainsi à une autre période, nous aurions pu tout aussi bien nous régaler avec un œuf mollet croustillant accompagné de tétragones.
Un plat qui rappelle le gout des mets du bonhomme
Ensuite, pour la suite du repas, nous avons, tous deux, jeté notre dévolu sur le mijoté de veau servi avec ses pommes de terre noisette au four. Les morceaux de veau été tendres à souhait et ont -pour sûr- été l’œuvre d’une cuisson longue et douce. Concernant les pommes de terre noisette saupoudrées de gros sel, elles sont l’un de mes péchés mignons et surtout la spécialité de mon paternel. Et bien croyez-moi que j’ai pris un vrai plaisir à déguster. J’ai même poussé le vice jusqu’à terminer mes derniers petites patates en les trempant dans le fond de la sauce du mijoté…
Autre exemple de ce qui peut-être mangé au restaurant le petit jardin, actuellement il propose un filet de canard avec sa purée de céleri et sarrasin ou encore de l’aiglefin, sauce oseille, navet et radis. Comme vous le constatez la carte du lieu est bien évolutive (je suis venu seulement il y a un mois…). Et bien sûr, les légumes sont bien entendu toujours au rendez-vous de votre assiette.
Un dessert normand revisité par le chef du restaurant le petit jardin
Pour terminer notre repas gourmand, j’ai choisi le dessert du jour. Ce dernier était ma vieille amie : La teurgoule. Enfin soyons précis ! Le dessert du jour était un riz au lait façon teurgoule. La nuance est importante et bien précisée par la serveuse. Et c’est tant mieux car, étant un grand fan de ce dessert et plutôt exigeant, j’ai pas mal de fois été fortement déçu en voyant arriver un ersatz de teurgoule. Ici, le chef cuisinier Hugo a pris le parti de retravailler ce plaisir sucré en lui donnant plus de légèreté. Les poires accompagnant ce dessert et un riz au lait moins « riche » lui permettent de réussir ce pari de teurgoule revisitée. Ainsi donc, comme dirait l’autre, « Pour moi, c’est un grand OUI ! » et ce n’était pas gagné d’avance !
Pour les nombreux becs sucrées qui suivent le blog, je vais vous donner une liste un peu plus fournie des desserts proposés au petit jardin. Les gourmets passés avant moi et après moi ont pu profiter d’une pomme au four accompagnée de glace vanille et d’un streuseul au thym, d’un pain perdu pêche et sa glace vanille,d’un crumble rhubarbe, fraise et poivre de Tasmanie ou encore d’une tartelette pêche, ganache au chocolat blanc au romarin. De quoi bien finir le repas…
Mon verdict sur le petit jardin au château La Chenevière
Alors, pas de suspense inutile, c’est clairement mon Coup de Food du moment ! Le lieu est sublime, le côté bistronomique de la carte est clairement au rendez-vous. Avec un menu déjeuner à 24 euros pour une entrée, un plat et un dessert pour une cuisine à la fois conviviale et raffinée, c’est l’endroit que vous vous devez de tester.
Enfin, le personnel est serviable, agréable. Et pourtant nous avions emmené notre petite bestiole d’amour qui n’est pas l’enfant la plus calme de la terre. Bref si vous voulez jouer à faire du tourisme dans le Bessin et sur la côte normande, une halte gourmande au petit jardin ne peut qu’être dans votre programme. Et psst…Le dimanche, une formule barbecue: entrée, plat, dessert est proposée. Vous savez dorénavant ce qui vous reste à faire le week-end prochain…
Univers alternatif : Le petit bonhomme X la cabane au fond du jardin
Dans un univers alternatif, je n’aurais pas souhaité répondre favorablement à l’invitation à déjeuner au petit jardin au château de la Chenevière. La faute à une ancienne « collab » qui aurait mal tourné avec une « pseudo » marque qui se nommait alors : la cabane au fond du jardin. Les types vendaient du matériel de pêche ou pour garder la pêche. Ce n’était pas très clair, et cela aurait dû me mettre la puce à l’oreille.
Sous le prétexte de lancer un nouveau produit nommé « le petit jardin » issu de l’univers du petit bonhomme et de la cabane au fond du jardin, les dirigeants m auraient convié à découvrir leur établissement qui lui s’appelait la cabane du pêcheur. J’aurais naturellement accepté. Et là crac ! Le piège se referma sur moi. J’étais en fait devenu le prisonnier d un groupuscule se faisant appeler les grands-mères à moustaches. Ce dernier composé de sosies recalés de Francis Cabrel avait une revendication claire : La réhabilitation par tous les moyens d’un certain Francis Cabrel.
J’aurais été leur cible parce que soit disant j’aurais dit, lors d’une soirée un peu trop arrosée, que ses chansons étaient à chier. Alors, les représailles aurait été simple. me faire écouter du Francis Cabrel enfermé dans des toilettes pendant des jours et des jours…encore et encore…J’aurais été libéré des jours après…un samedi soir sur la terre…me semble-t-il ? Et ce après avoir écrit une lettre à Francis Cabrel et à une certaine petite Marie le tout à l’encre de mes yeux -rien que cela- en leur avouant « je t’aimais, je t’aime et je t’aimerai ». Des séquelles de cette histoire ? Non, vous croyez !!??
Moralité : en matière de jardin, clairement, optez pour le petit et surtout oubliez celui avec une cabane…