Hier soir, j’ai eu la chance de pouvoir apprécier une spécialité normande d’une façon originale. Alors je vous arrête tout de suite les mauvaises langues ! Non ! Je ne parle pas de pluie ! Arrêtons avec cette imagine d’Epinal et autres « à priori » sur la Normandie. Tiens d’ailleurs c’était peut-être finalement cela, la ligne directrice de mon rendez-vous hier soir avec…le Calvados…l’eau de vie. Oui durant 10 jours (du jeudi 16 Novembre jusqu’au vendredi 25 Novembre), c’était Calvados Time dans 14 bars de Caen. Dans ces 14 établissements allant de la rue Ecuyère à la place Saint-Sauveur – on a revisité cette AOC normande avec la création de cocktails propres à chaque bar. Et pour le coup, le bonhomme en était…
Table des matières
Episode 1 : Le Calvados AOC et ADN de certains de mes souvenirs d’Augerons
Nous n’allons pas nous mentir, pour un augeron de naissance comme moi et habitant de ce petit coin de Normandie pendant 20 ans, le Calvados fait pleinement partie du décor. Non pas comme un compère un peu trop présent et parfois embarrassant, mais plus comme un atavisme entremêlé de nostalgie. Je ne suis –certes- pas un expert en mixologie, mais lorsque je m’arrête un instant, je m’aperçois que mes souvenirs et mon parcours sont jalonnés de moments liés au fruit de l’alambic.
Le canard de fin de repas
Mon tout premier souvenir lié au Calvados est sans doute aux fins de repas chez mes grands-parents. Moment choisi par mon grand-père pour faire sortir le « canard ». Cet acte étrange -pour un enfant- qui consiste à imbiber un morceau de sucre d’un liquide issu d’une bouteille dont le son du bouchon reste en mémoire. A un âge raisonnable, je compris enfin que l’énigmatique pratique officiait dans le domaine de la digestion. Avec le temps, je ne suis jamais devenu un adepte de cette pratique, le mélange sucre et alcool n’étant pas spécialement ma tasse de thé.
Le café goutte
Ou café calva’ pour d’autres, pratique usitée par mon grand père lors des repas festifs et/ou copieux qui m’interpellait lors de mon enfance. « Mais que met-il dans son café ? » L’énigme était encore plus épaisse sachant que le liquide provenait d’une drôle de carafe ornée d’un bouchon en liège. Objet digne d’une fiole sortie tout droit de la poche d’une sorcière de conte de fées ! Le café était alors arrosé de ce liquide inconnu. Aujourd’hui je perpétue la tradition, à ma manière, lors de déjeuners un peu copieux, en accompagnant parfois mon café de fin de repas avec un verre de Calvados.
L’embuscade recette de mes années d’étudiant
Vous comprenez donc que ma perception du Calvados tout autant teintée de rusticité que d’affectivité avait besoin d’être dépoussiérée. Dans un premier temps, lorsque l’Augeron que j’étais, « monta » jusqu’à Caen pour poursuivre ses études à la fac, il eut d’abord eu le plaisir de voir que le Calvados avait fait son nid jusque dans Caen avec un cocktail à base de bière au pertinent nom d’embuscade qui louvoyait dans les bars de la ville.
Ce compagnon de mes soirées étudiantes a –certes- modifié l’image que j’avais du Calvados mais sans réellement lui offrir de véritables lettres de noblesse à mes yeux. Et c’est, je pense, tout le pari qu’a voulu relever cette 1ère édition de « Calvados Time ». Re-découvrir le Calvados en sortant des basiques. Exactement ce qui ravivera la flamme entre moi et la fameuse bouteille de Calva’ qui a toujours sa place réservée dans le bar de mon appartement.
Episode 2 : Mon parcours lors de la 1ere édition de Calvados Time
Dans le cadre de Novembre Gourmand, cette édition initiale de Calvados Time, -comme vous l’avez compris- met à l’honneur le Calvados. 14 bars de Caen ont, pour l’occasion, accepté de dépoussiérer la célèbre eau de vie normande. Ces 14 établissements proposent leurs créations à leur carte durant le temps de l’événement.
J’ai donc eu le plaisir de me voir offrir la possibilité de déguster un cocktail dans trois bars de parmi ces 14 établissements. Le bonhomme s’est donc lancé, hier soir, à l’assaut de ces bars et de leurs cocktails.
Le Nordish Coffee de l’Atelier Café
La première étape de mon cheminement dans l’univers du Calvados Time, débuta à l’Atelier Café. Ce bar de la place Saint-Sauveur proposait un cocktail au suggestif nom de Nordish Coffee. Simon, le barman, me proposa donc ce cousin normand du célèbre irish-coffee. Il se compose de Calvados –bien entendu- de café chaud, de sirop de sucre à la cannelle, et de chantilly saupoudrée de cannelle. Le mariage café Calvados est une réussite. La cannelle et la chantilly enrobent ce mélange dans un nuage de douceur. Clairement ce cocktail sent la fin d’après-midi. Fleurant bon le réconfort après une rude journée dans le froid. Bref vous savez maintenant où vous diriger à la fin de votre escapade au prochain marché de Noel sur la place Saint Sauveur.
Le Time’s Calva Sour du bar Le Casier
La second étape m’amena jusque dans la rue Ecuyère et au Bar le Casier. Ce nouveau venu dans la rue propose le concept de bar à fruits de mer. Et honte à moi, passant régulièrement devant, je n’avais pas encore franchi le pas de sa porte. L’occasion était trop belle d’enfin découvrir les lieux autour d’un cocktail.
Le Cocktail justement se nomme le Time’s Calva Sour et nous fut proposé par Guillaume le Barman de l’établissement. Ce dernier combine Calvados infusé à la fève de tonka, fruit de la passion, gingembre frais, verveine citron et un blanc d’œuf. Fruité et rafraîchissant, il se sirote avec délice à la paille, et me semble idéal pour un petit afterwork. Information pour les personnes –comme moi- qui ne sont pas totalement fans de gingembre. N’ayez crainte, sa saveur épicée n’est pas trop marquée et donne de l’épaisseur au cocktail sans tuer les autres goûts.
Le Calvados Spirit du café Mango
La dernière étape de mon plaisant périple dans le cadre de Calvados Time fut au café Mango. Cet établissement est –lui aussi -plutôt récent puisqu’il a remplacé le vélocipède sur la place Saint Sauveur au début de l’été. Ici non plus je n’avais pas encore passé leur pas de porte…cependant j’ai déjà bien investi leur grande terrasse cet été. Malin le lynx…
Dans ce café brasserie joliment décoré, et tenu par Carole et Olivier, j’ai eu la chance de pouvoir déguster le cocktail baptisé le Calvados Spirit. Il se compose –toujours- de Calvados, de liqueur de fleur de sureau, de sirop de cannelle et de sweet & sour. Nous sommes clairement sur un cocktail « dit » masculin. Fort en bouche, il laisse pourtant largement la place aux saveurs à la fois rondes et un peu acides du sweet & sour. Je l’imagine très facilement comme un dernier verre après un repas en ville en compagnie de sa moitié. Si cette dernière est un peu réticente, vous pourrez toujours la convaincre en lui proposant un Calva Island beaucoup plus « féminin ». Il se fait la part belle à la liqueur d’aloé vera. Et bande de petit veinard, le café Mango vous le propose pour l’occasion.
Le bilan de la soirée
A mon sens, l’objectif est totalement atteint pour Calvados Time. J’ai effectivement redécouvert le Calvados d’une façon –dirons nous- bien moins rustique que je n’avais pu le pratiquer. Je ne renonce pas à ces pratiques, loin de là. Elles font partie de mon « background culturel ». Mais cela a élargi mon champ des possibles en matière de dégustation de Calvados . En effet, cette expérience m’a prouvé que ma petite eau-de-vie normande s’associe parfaitement avec le mode de consommation urbain et plutôt tendance que sont l’art des cocktails et la mixologie.
Episode 3 : Univers alternatif : « j’y trouve un goût de pomme »
Face à un regain d’intérêt pour le Calvados, j’aurais dans un univers parallèle, pris le pari de me lancer dans la production…artisanale. J’aurais sillonné mon bon vieux sud Pays d’Auge et enfin trouvé un alambic à retaper. Bien conscient de l’illégalité de la chose, je l’aurais installé dans ma cave et en avant pour ma production « maison ». Production, il y aurait eu effectivement. Et tout fier de cette dernière, j’aurais alors invité mes amis à une soirée dégustation. C’est là qu’aurait débuta ce que les urgentistes appelèrent plus tard…l’incident des brûlures au 3 eme degré de l’œsophage.
Pourtant, au départ, ce n’aurait été qu’ un simple remake de la scène culte de la cuisine des Tontons Flingeurs. Le « j’y trouve un goût de pomme » m’aurait rassuré mais cela n’aurait été qu’un leurre. Le « Vous avez beau dire y’a pas seulement que de la pomme » aurait alors émis un sérieux doute sur la qualité de ma production. Mais c’est lorsque le 3eme de mes compères avança un « Je ne sais pas si c’est bon mais ça brûle » que j’aurais dû entendre cela comme un signal d’alarme. Hélas pas de signal d’alarme mais plutôt des sirènes de pompiers pour eux et de police pour moi. Car il faut le dire, le résultat des courses aurait été un Séjour à l’hôpital pour eux et au poste de police pour moi. Moralité, si tu ne veux pas te confondre en excuses alambiquées …
Trouve plutôt ton maître de chais…