Il y a quelques semaines j’ai reçu une invitation pour découvrir le marché de gros de Caen en compagnie du grossiste en fruits et légumes Ana Distri. L’épicurien curieux que je suis ne pouvait qu’y répondre positivement. Pour moi, me rendre aux halles de Caen, c’était non pas aller à la découverte de ce qui se passe en cuisine, mais plutôt ce qui se passe avant même la cuisine. Quelques jours plus tard, direction donc le marché de gros, un lieu qui m’était totalement inconnu, pour une matinée dédiée aux produits d’hiver. Une belle occasion de piocher de l’inspiration pour mes prochains menus des fêtes.
Le jour venu, et alors que la nuit s’attardait encore, je pris donc le chemin de la presqu’île de Caen et du marché de gros. A l’heure où certains sont encore au creux de leur lit, je franchissais la barrière de la halle de Caen. Dans cette atmosphère de petit matin, j’eus comme l’impression d’accéder à la zone de transit et de fret au sein d’un aéroport après un long vol. Tout autour de moi, tout une dynamique, tout un univers qui s’étaient déjà mis en branle bien avant mon arrivée. C’était alors parti pour une matinée de découvertes…
Table des matières
Le marché de gros de Caen: son histoire et sa place
Conscient de ma méconnaissance, et avant de partir à la découverte, j’ai fait quelques recherches pour ne pas paraître trop idiot (en tout cas un peu moins que d’habitude) une fois sur place.
Qu’est-ce qu’un marché de gros ?
C’est un marché dans lequel se pratique le commerce de gros. A Caen, le marché de gros est un lieu exclusivement réservé aux professionnels désireux de s’approvisionner en fruits et en légumes. Il réunit en son sein grossistes, producteurs locaux (maraîchers), négociants en champignons, négociants en emballage et services de restauration.
L’histoire des Halles de Caen
Jusqu’à la seconde guerre mondiale, le marché de gros se situait au bassin de plaisance au bout du boulevard du Maréchal Leclerc. Il a ensuite pris place rue de Cardiff sur la presqu’île de Caen, sa place actuelle. A l’Automne 2020, il déménagera sur la commune de Soliers. La surface de vente des nouveaux bâtiments sera de 9 600m2, quasiment le double des actuelles Halles de Caen.
Ce que représente le marché de gros sur l’agglomération Caennaise
Ces halles, où grossistes, maraîchers travaillent quotidiennement, écoulent 28 000 tonnes de fruits et légumes chaque année. Ce qui représente, tout de même, un peu plus de 76 tonnes par jour ! Ce lieu permet la rencontre entre fournisseurs et professionnels de l’alimentation locale. 45% de la clientèle provient du commerce de détail, 19% de la restauration et 36% des grandes et moyennes surfaces.
Mon hôte au sein du marché de gros: Ana Distri
En ce petit matin du 7 Novembre, j’avançais donc dans une légère pénombre au sein du « ventre de Caen ». Déjà, une certaine agitation règne. Je me fraye un chemin au cœur d’un ballet d’allers-retours de transpalettes et de chariots-élévateurs. J’arrive à la grande halle. S’étire alors face à moi un long couloir central habité d’une effervescence certaine. C’est à l’entrée de celui-ci que je découvre la partie réservée au grossiste en fruits et légumes Ana Distri.
Qui est Ana Distri ?
Je flâne quelques instants entre les étals de légumes et de fruits, avant d’être rejoint par Anastasia la dirigeante d’Ana Distri. Cette dernière est à la tête de cette entreprise familiale et indépendante depuis 2016. Son entreprise de 13 salariés fournit fruits et légumes de saison. Avec des arrivages journaliers, elle livre à ses clients des produits sourcés tout en privilégiant les produits régionaux et locaux. Au fur et à mesure de la visite, je découvre que chez Ana Distri, il existe une vraie volonté de se démarquer et d’innover.
Une véritable identité pour ce grossite en fruits et légumes
Tout d’abord, évacuons mes propres idées reçues que j’avais collées à cet univers. Les équipes de chez Anna Distri sont très féminines. Je fais amende honorable tant je me figurais que ce monde était plutôt masculin. Ah!! Les stéréotypes!! Il est si facile de s’y laisser piéger.
Ensuite, j’ai découvert que la livraison de commandes sur la commune de Caen était réalisée à vélo. Cette initiative décarbonée permet à l’entreprise de réduire son empreinte écologique. Une belle façon d’agir à notre échelle pour notre planète.
Enfin que dire de l’originalité présente dans la gamme de fruits et légumes qu’Ana Distri propose. En effet, elle se démarque grâce à la présence de produits orignaux. Elle se démarque donc, elle propose non seulement des fleurs comestible connaissant un vrai succès auprès de restaurateurs, mais aussi des variétés de mini-légumes. Dans les étals, je vois aussi des clients palper et goûter des Kiwis rouges. Je me retourne, fais quelques pas et tombe sur…du foin 100% bio et 100% normand. Du confit de foin et de la tisane complètent cette gamme. La volonté de rechercher de nouveaux produits originaux est une vraie caractéristique et ne semble pas à démontrer.
Une matinée de rencontres humaines et gustatives
Cette matinée découverte organisée par Ana Distri avait pour vocation de faire se rencontrer clients, prestataires et passionnés de beaux produits autour de dégustations.
Des rencontres authentiques et conviviales…
Rapidement une ambiance conviviale se met en place. Il n’y a pas à dire, peu de choses autres que les plaisirs de la table permettent de créer aussi rapidement discussions et lien social. Alors qu’on attaque les viennoiseries accompagnées de café, la discussion est relancée par les arômes s’échappant d’un four à quelques pas. Quelles épices ? Quelle cuisson ? Ça argumente, ça débat, et après un moment ça goûte ! Et croyez-moi, en matière de dégustations, le bonhomme ne passe jamais son tour ! Au détour d’une pile de cageots, on croise Stéphane Carbone ou encore le chef de chez Gloriette qui venant se ravitailler et découvrir les nouveautés.
Rapidement, en inconditionnel des épices, je me dirige vers les membres de chez Good épices présents pour l’occasion. Tout d’abord j’apprends avec bonheur que leur site est ouvert aux particuliers. Pour moi, c’est un peu la caverne d’Ali Baba ! Surtout que cette jeune entreprise normande commence à développer ses propres compositions d’épices. J’ai déjà repéré de quoi faire plaisir à mes papilles. « Et mes papilles qu’on-t’elles savouré lors de cette matinée chez Ana Distri ? » Me direz-vous ? On y vient les loulous, on y vient…
…Des expériences gustatives
La thématique de cette matinée était les produits d’hiver et la table des fêtes. De quoi goûter de bonnes choses et de quoi grappiller de bonnes idées pour le réveillon. Tout d’abord, j’ai goûté un velouté de butternut. Depuis que j’ai ma fille, je me suis réconcilié avec pas mal de légumes dont le Butternut. Cette dégustation m’a donné des envies de préparation avec du cumin, du curcuma ou encore du curry. Ensuite, je me suis attaqué à du saumon et des tartinades proposés par ProFish. Je m’attarde sur le saumon qui est un de mes péchés mignons comme je vous l’avais déjà évoqué dans cet article. Pour continuer à « naviguer » au sein des produits de la mer, je me devais de me plonger dans les huîtres accompagnées d’un poivre algues citrons aux accents asiatiques de chez Good épices. Le mariage est surprenant mais totalement réussi.
Ma grande curiosité me fit glisser imperceptiblement vers la gamme de foin 100% bio et 100% normand de chez Michel et Alain installés dans l’Orne. La dégustation de leur confit de foin me donne envie de le troquer contre mon traditionnel confit de figues avec mon foie gras à Noel. Le foin a d’ailleurs commencé à investir les cuisines chefs telle que celle de l’Auberge de la Mine à la Ferrière-aux-Etangs dans l’Orne. Là-bas le chef étoilé Hubert Nobis propose notamment sa pomme de ris de veau piquée à l’andouille de Vire et braisée au foin. De quoi torde le cou à l’expression « Bête à manger du foin ».
Et pour accompagner l’ensemble?
Enfin, le bonhomme reste le bonhomme ! Il termina sa matinée au côté d’Epirure école de bar. Une école de mixologie qui s’approvisionne au marché de gros de Caen depuis 2016. Après avoir goûte une Vodka orange et banane (où cette dernière réduit parfaitement l’acidité de l’orange), je suis tombé amoureux de la recette d’un cocktail proposé. En effet, j’ai découvert les saveurs chaudes d’un Whisky, fèves de tonka et miel qui se marient sans aucun doute avec la période de fêtes. Une merveilleuse façon de terminer cette matinée au marché de gros en compagnie d’Ana Distri.
Univers alternatif : Le Big Deal, le marché de gros…à l’anglaise
…ou presque !! Dans un univers alternatif, le bonhomme aurait encore été trahi par son anglais plus qu’approximatif. Séduit par l’univers du marché de gros, j’aurais alors cherché à en découvrir d’autres sous d’autres latitudes. Mais lors d’une de mes pérégrinations j’aurais fini par faire la gaffe.
En effet, j’aurais vu une annonce annonçant le retour du Big Deal. Surement un marché de gros spécialisé dans les produits anglais! A moi les scones, les dix marmelades ou encore les pickles ! Une fois sur place, rien n’aurait été!
Bill or not to Bill
A l’adresse indiquée, se dresse devant moi, un immense hangar. Jusque là rien d’anormal. Cependant, une fois la porte d’entrée passée, un drôle de type…bleu se prénommant Bill serait alors venu à ma rencontre. Ce dernier m’aurait proposé de nombreux paquets cadeaux en lieu et place des produits anglais que j’espérais. Il m’aurait assuré que tous les produits gastronomiques à l’intérieur des paquets étaient de bonne facture. « Parole de Bill ! The bills don’t lie ! ». J’aurais alors accepté avec enthousiasme le cadeau.
Hélas, j’aurais alors été victime d’un marché de dupe car effectivement The Bills don’t lie ! Quelques jours plus tard j’aurais reçu une facture très salée de la part de ce fameux Bill du Big Deal. Mes cadeaux n’auraient absolument pas été gratuits! Les factures en auraient attesté car Les factures ne mentent pas…Oui! The bills don’t lie…
Moralité : Pour d’éviter ce genre de mytho miam, travaillez plutôt votre anglais