Il se raconte souvent qu’on se dit plus de choses autour d’un bon repas. L’adage fonctionne également avec une bonne bouteille mais avec le risque de voir la qualité des propos s’altérer la soirée avançant. Mais cela est une autre histoire… L’idée d’un dîner rassemblant de belles assiettes, une belle tablée, dans le décor intimiste d’un « chez soi » le tout avec un chef au fourneau a toujours été de l’ordre du « fantasme ». Il y a des gens qui veulent devenir célèbres pour l’argent, le pouvoir, les fans. Moi j’aurais aimé être célèbre pour vivre un repas au 93 Faubourg Saint Honoré avec comme maître de maison Thierry Ardisson. L’émission n’est plus mais la recette suscite toujours en moi une véritable appétence. Alors imaginez un peu ma joie lorsque j’ai eu l’opportunité de tester le concept de La Belle Assiette.
Table des matières
Le concept de La Belle Assiette
Je vais être honnête, je ne connaissais pas La Belle Assiette. Je ne savais même pas qu’il était possible de profiter à Caen d’un repas préparé par un chef cuisinier dans sa propre cuisine. J’aime recevoir, je prends plaisir à cuisiner. Cependant, clairement le concept de La Belle Assiette permettant de recevoir à sa table, sans avoir passé des heures en cuisine, m’a tapé dans l’œil. En effet, d’expérience, je sais qu’au cours du repas, on n’est jamais vraiment à table. Alors inviter chez soi en se faisant servir par un chef devient une alléchante proposition.
La Belle Assiette : Qui sont-ils ?
La Belle Assiette est donc une plate-forme qui permet de réserver un chef pour des repas à domicile. Depuis sa création en 2012, l’entreprise propose sur son site de choisir un chef à domicile selon ses spécialités, ses prix, sa disponibilité et la validation ou non par un jury .
Aujourd’hui, ce sont des centaines de chefs qui, partout en France, proposent leurs menus. Chacun de ces chefs cuisiniers à domicile est diplômé, et certains ont même officié chez Paul Bocuse ou encore Christian Constant. Enfin, les chefs s’adaptent aux intolérances alimentaires, et proposent pour certains des menus enfants. Ce n’est vraiment pas négligeable lorsqu’on ambitionne de faire entrer des chefs dans la cuisine des Français.
Faire venir un chef à domicile : pour qui ? Pourquoi ?
Avant de connaître La Belle Assiette, le concept de chef à domicile me paraissait inaccessible, notamment financièrement. Cependant lorsque l’on regarde de plus près la gamme de prix que propose la plate-forme, il est possible de l’envisager pour différentes occasions. Avec une entrée de gamme à 39 euros par personne pour des menus entrée plat dessert, il serait vraiment dommage de ne pas se laisser tenter.
Pour enfin vivre un repas de famille aux fourneaux
Les réunions familiales autour d’un repas peuvent parfois être une véritable épreuve pour celui qui porte le tablier et prépare la pitance. La Belle Assiette est une vraie solution pour enfin entendre la fameuse blague que tonton fait à chaque repas de famille et que vous êtes le seul à n’avoir jamais pu entendre. Et puis, si vous êtes passionné de cuisine, comme moi, rien de vous empêche d’aller discrètement voir les petites astuces que le chef a mises en place dans votre propre cuisine.
Pour les casaniers qui veulent le beurre l’argent du beurre et…La belle assiette
Moi, par exemple, je l’avoue je deviens de plus en plus casanier, mais pas encore à refuser une sortie au resto. Cependant, profiter de la compétence d’un chef cuisinier, sans sortir de chez moi a de quoi me séduire. De plus, c’est très intéressant lorsque la soirée est partie pour finir à pas d’heure. Le restaurant, lui, finit par fermer. Mais au départ du chef, rien ne vous empêche de rester à table et de refaire le monde. Oui rien ! Pas même la vaisselle de la cuisine. En effet, après son service, le chef vous laisse une cuisine impeccable. Il vous offre même le loisir d’être un peu fainéant. La corvée des casseroles ne sera pas pour vous cette fois-ci.
Pour les jeunes parents : la solution du chef à domicile
Aujourd’hui père d’une petite de 3 mois, je vois bien des choses différemment. La sortie au restaurant en fait partie. De nombreuses questions se posent. Sont-ils « bébé friendly » ? La petite va-t-elle être d’humeur à dormir patiemment à côté de nous ? La faire garder ? Bref cela peut vite être compliqué. Avoir un chef chez vous, c’est toutes ces questions qui sont balayées. Bébé reste dans un univers familier et va se coucher dans son petit lit presque comme d’habitude.
Un chef à la maison : L’idée cadeau pour gastronomes
J’ai découvert sur le site de La Belle Assiette qu’il était possible d’offrir une prestation de chef à domicile. Des formules de 2 à 8 personnes sont disponibles. Honnêtement, je trouve cela super original d’offrir ce cadeau à un couple d’amis pour leur anniversaire de rencontre, ou de mariage.
On choisit son menu sur le site. Et ensuite, on fait quoi ?
Selon la localisation de votre futur repas, le choix dans les menus est plus ou moins important. Perfidement, j’ai testé avec des communes dont on doit être 3 à connaître l’existence. Eh bien, des choix de menus sont toujours disponibles. Bon, moindres mais choix il y a bien. Belle et agréable surprise !
La réservation sur le site de La Belle Assiette
Une fois votre menu choisi, vous réservez une date en précisant l’heure. Sachant que les chefs arrivent chez vous en général deux heures avant le début du repas: Le temps de prendre possession de votre cuisine et de vous mijoter ses bons petits plats.
Ensuite, la Belle Assiette donne la possibilité de faire quelques modifications sur le menu. Bien utile en cas d’allergies ou d’un seul des convives qui déteste un des ingrédients. On peut aussi –contre supplément- rajouter des pièces apéritives, une assiette de fromages et des menus enfants.
Enfin, le paiement se fait en ligne après validation. Des modifications sur le nombre de convives ou sur les menus sont toujours possibles –sans frais- jusqu’à 24 heures avant le repas. On ne sait jamais, surtout lorsque tonton vous refait un énième remake de Joe l’incruste…
Les interactions avec le chef à domicile
Pour que le repas soit nickel, le chef passe un ou deux coups de fil pour les derniers ajustements. Il revient sur les commentaires et demandes spécifiques que vous auriez faits lors de votre réservation et vous interroge un peu sur son outil de travail : votre cuisine et ses équipements.
Le dîner proposé par le Chef à domicile Thomas Poret
Mon expérience avec La Belle Assiette se fit sur ce qui est appelé un repas de validation. Ce dernier est une prestation test pour un chef qui ressemble à une sorte d’entretien d’embauche garantissant à la plate-forme une vraie garantie sur la qualité des chefs et de leurs techniques culinaires. Nous, convives, encadrés par un chef mentor, nous devions évaluer sa prestation et faire un retour à la Belle Assiette par une grille d’évaluation.
L’itinéraire du chef Thomas Poret
Thomas Poret est un jeune chef qui a grandi et s’est construit en tant que cuisinier au sein du restaurant familial de son grand-père. C’est ce dernier qui lui a donné l’amour des beaux et bons produits. Plus tard, dans sa carrière, le chef Thomas Poret a travaillé sous les ordres d’Alexandre Bourdas au sein du restaurant deux étoiles le SaQuaNa à Honfleur. La cuisine du chef Thomas Poret, se veut emplie de ses souvenirs d’enfance, des odeurs et des saveurs qui ont bercé sa jeunesse. Aujourd’hui, avec La Belle Assiette, il prend plaisir à les partager tout en s’attachant à les doter d’une vraie modernité.
Le détail de ce menu de La belle assiette
Le jour J le chef est arrivé à 18h00, pour un passage à table prévu pour 20h00. Le temps pour lui de déballer son matériel et de lancer les premières préparations. Pour nous c’est le temps de dresser la table et débuter la soirée autour d’un verre. D’ailleurs concernant la table, il faut savoir que le chef vient avec ses propres assiettes. C’est presque déconcertant de manger chez soi dans une vaiselle qui n’est pas la sienne. Ensuite, il réalise lui-même le dressage et le service. Un temps qui lui permet de présenter chaque plat aux convives.
J’imagine que cela vous intéresse mais sûrement moins que le contenu de nos assiettes. Nous y venons !
Un amuse-bouche qui fait mouche
Après avoir bu quelques verres et conversé avec le chef Mentor Fabien Clément, nous passons à table. Pour nous mettre en appétit -s’il en est besoin- le chef nous propose une glace au camembert avec sa tuile de pain et sa mousse de confiture de lait. La glace salée fait toujours son petit effet ! On a beau déjà avoir fait l’expérience, il y toujours un petit effet de surprise. Ce n’est sans doute pas étranger aux litres de sorbets aux fruits que j’ai engloutis durant des années. Mais attention, comprenons- nous bien, c’est très loin d’être désagréable d’être surpris en matière culinaire. Bien au contraire ! Enfin, l’accord sucré salé bien équilibré n’enlevait rien à ce petit plaisir gustatif.
Une entrée qu’il faut touiller…si..si…
Pour débuter le repas, le chef nous avait concocté un velouté de patates douces avec son émulsion de chèvre du pays, saupoudré de crumble et d’huile de noix. Le secret pour bien déguster cette recette est de bien mélanger l’ensemble des ingrédients la composant. Parfois lorsque j’ai un beau dressage, j’ai tendance à ne pas vouloir « casser » la présention au risque de ne pas amalgamer les saveurs…Et pour le coup, si ma voisine ne m’avait pas montré la voie en tournant sa cuillère dans le velouté, j’aurais en grande partie raté gustativement ce que nous avait préparé le chef. L’émulsion de chèvre offrant sa puissance au plat tandis que le crumble donne un côté croquant que l’ami Cyril Lignac affectionne tant.
Un plat aux accents normands
Ce dîner pour gourmets se poursuivit avec du magret de canard, accompagné d’une farce de champignons boutons d’Orbec agrémentée de sa compotée pomme oignon et son jus de canard au Calvados. Le mariage des saveurs était plus que réussi. Et à mes yeux, le travail sur les produits fut une vraie réussite. De plus, la transcendance des produits a permis à ma moitié de manger des champignons. Et ça c’est fort ! L’assaisonnement n’y est clairement pas étranger. Chapeau chef !
Un dessert tout en continuité
Pour terminer ce repas le chef a décidé de rester dans la gastronomie normande et sur des notes de terroir normand. Le genre de choix que le bonhomme apprécie à sa juste valeur. Dans nos assiettes, nous était proposé un croque cidre. Cet ultime petit plaisir culinaire est une coque de meringue au cidre en demi-sphère garnie d’une gênoise pommes et poires. Des lamelles de pommes confites et émulsion au caramel de cidre les accompagnant. Sur ce dessert, j’ai d’abord été impressionné par sa technicité. Bêtement voir un dessert si bien dressé déboulant de la cuisine de monsieur ou madame tout-le-monde, cela rendrait presque jaloux. Je ne suis absolument pas sucré mais le choix de rester sur des notes locales a fait mouche.
Un saut à la cave Terre de raisins pour les vins accompagnant le repas
Tout d’abord, il faut savoir qu’il existe un supplément « boisson » que vous pouvez choisir au moment de la réservation sur le site. Si vous ne faites pas opter pour cette option, le choix vous revient. Et c’est ce que fit le bonhomme, qui y vit une bonne occasion de prendre la direction de la cave Terre de raisins située rue Guillaume le Conquérant à Caen à deux pas de la fromagerie conquerant.
Pour accompagner les amuses-bouches nous avions choisi un cidre du domaine Lesuffleur dans le Pays d’Auge. La famille Lesuffleur cultive la pomme depuis plusieurs générations. Aujourd’hui, Benoit Lesuffleur travaille son cidre comme un vin.
Pour le cœur du repas et pour accompagner le canard, nous sommes partis sur deux bouteilles de vin du Sud. Dans un premier temps, nous avons bu un Château Les Croisilles – Silice- de 2015. Ce vin des cépages de Malbec est fruité mais avec une vraie présence en bouche. Puis dans un second temps, nous avons dégusté un –ruisseau- des Terrasses du Larzac que nous avions pris soin de « carafer ». Cette cuvée les États d’Âme du Mas Jullien est plus énergique que le précédent mais garde une certaine rondeur en bouche.
L’avis du bonhomme sur La Belle Assiette
Pour le petit bonhomme, l’expérience fut une franche réussite. Cette prestation qu’il fantasmait est finalement à sa portée. Et croyez-moi, il l’a bien compris et compte bien en profiter à nouveau.
Je fus vraiment surpris par l’élaboration des plats. Nous sommes dans ce que peut proposer un restaurant. Je ne compte pas abandonner les sorties restaurant mais cela ouvre notre champ des possibles surtout avec une petites en bas âge.
Etre invité chez soi
Je pense que l’impression d’être invité chez soi, constitue un truc à vivre auquel j’aurais tendance à vite prendre goût. Le chef est à la fois discret et disponible. Il fut très agréable d’avoir le chef nous présentant ses plats ou encore nous laissant jeter un œil à ses casseroles. Enfin, en fin de service, nous avons proposé au chef de venir boire avec nous la bouteille de champagne qu’il avait apporté pour nous. Moment plus qu’agréable pour parler technique, parcours et sustenter notre curiosité.
Univers alternatif : Inventer la Air Gastronomie
Dans un univers alternatif, j’aurais mal réagi à un énième visionnage de La grande bouffe de Marco Ferreri. Une sensation d’indigestion se serait alors emparée de moi. Un vrai problème pour un amateur de produits gastronomiques comme moi. Je n’aurais pas pu attendre que les choses rentrent dans l’ordre. Il m’aurait fallu agir.
Une idée me serait alors venue, une façon de ne pas rendre mon tablier face à l’adversité et à ce troublant mal. Inspiré par le « air guitare », je me serais alors lancé dans la « Air Gastronomie». Une cuisine sans ustensiles, sans four…sans même aliments.
L’échec une saveur particulière
Toujours optimiste dans la réussite et le bien fondé de mes trouvailles, j’aurais même lancé les championnats du monde d’Air Gastronomie. Composé de 2 épreuves avec la première de Air cuisine puis la seconde, le Air Repas. Dur à avaler pour pas mal de gens. Ces derniers auraient nourri trop de scepticisme pour que le succès soit au rendez-vous. En effet, le slogan c’est comme de la gastronomie sans gastronomie ne rencontra pas son public.
Moralité : Si cette expérience presque gastronomique ne convainc pas, l’expérience de La Belle Assiette saura -elle- sans nul doute, vous séduire.