Si vous vous rendez à Pont-l’Évêque, je vous conseille de prendre le temps de visiter la joyeuse, prison fermée en 1953. Les visites de la prison de Pont-l’Évêque sont depuis 2006. Situé à deux pas de l’ancien tribunal et du couvent des Dominicaines, ce lieu classé monument historique depuis les années 90. Parcourir ses couloirs et découvrir ses cellules permet de prendre conscience de l’architecture carcérale du XIXe siècle et de la vie dans une prison. C’est une des très rares exemples d’édifices pénitentiaires conservés en France après sa fermeture. Cela s’explique surement par une évasion qui a relevé au grand public un drôle de fonctionnement.
Table des matières
Le contexte de sa construction de la prison à Pont-l’Évêque
La prison de Pont-l’Évêque a été ouverte en 1823, pendant la Restauration. Sa construction est, comme le tribunal du Pont-l’Évêque, l’œuvre des architectes Harou-Romain, père et fils. Il faut noter qu’auparavant, la Révolution française avait mis fin aux châtiments corporels et l’emprisonnement était devenu la règle (coexistant tout de même avec la peine de mort et les peines de condamnations aux travaux forcés). L’édifice est construit en pierres, briques et silex. Son aspect extérieur rappelle celui du siège de la vicomté d’Auge daté lui du XVIIe siècle.
La structuration cet édifice
L’édifice est construit de façon fonctionnelle et selon des principes de symétrie. La prison comporte sur deux niveaux huit cellules de 25 m2 (quatre pour hommes et quatre pour femmes). Ces cellules sont collectives et font office de lieu de vie et de dortoir. Une chapelle est située au centre du 1er étage de la prison autour d’un puits de lumière ; une vraie symbolique religieuse…
Cet espace a été ajouté après coup et n’en demeure pas moins entouré de barreaux. D’ailleurs les mitards n’avaient pas été oubliés sur les plans. Enfin la prison comporte également, à l’entrée, des parloirs et des bureaux, au sous-sol une cuisine, ainsi qu’un logement pour le gardien-chef et de sa famille réparti sur deux niveaux.
La vie des prisonniers et des gardiens au sein de la prison de Pont-l’Évêque
Prévue initialement pour ne pas accueillir plus de 40 détenus, la prison a vite été surpeuplée. A partir de la fin du XIXe siècle, on parle régulièrement d’une centaine de détenus. Cela s’explique par le fait qu’à cette époque beaucoup de gens sont arrêtés pour cambriolages sur la Côte Fleurie. Les prisonniers et les prisonnières (les mères incarcérées sont accompagnées de jeunes enfants lorsqu’ils sont âgés de moins de deux ans) sont majoritairement issus des classes les plus pauvres. Leurs incarcérations sont dues à des délits mineurs : Vol, coups et blessures, mendicité mais également outrages et ivresse sur la voie publique.
Pour surveiller l’ensemble, seulement trois gardiens sont en charge de la tâche. Tout d’abord, le gardien-chef qui s’occupe de l’administration de l’établissement et de tout ce qui a trait à la vie quotidienne. Ensuite son épouse assure le rôle de gardienne pour les femmes. Et enfin, un seul « autre » gardien.
L’affaire de la Joyeuse Prison
Le faible nombre de gardiens entraîne rapidement de nombreuses évasions et tentatives d’évasion. Mais l’une d’entre elles va donner à la prison de Pont-l’Évêque son surnom de Joyeuse Prison. Mais « hélas » elle va également entraîner sa fermeture définitive !
L’évasion de René la Canne
Après la Seconde Guerre Mondiale, le 18 janvier 1949, l’arrestation de René Girier, surnommé René la Canne, pour un cambriolage dans une bijouterie à Deauville va mettre en lumière le laxisme du gardien en chef de la prison. Avant d’être écroué à la prison de Pont-l’Évêque, René la Canne s’était déjà évadé 17 fois en huit ans de ses divers lieux de détention. Il s’évade presque logiquement de la prison de Pont-l’Évêque en avril 1949. Une enquête est alors ouverte pour comprendre les raisons de celle-ci.
Une enquête sur les circonstances de son évasion de la prison de Pont-l’Évêque
On découvre alors que le gardien-chef Fernand Billa, homme débonnaire, laissait plus que quelques libertés à ses prisonniers. Les formalités d’écrou étaient accomplies par un détenu condamné pour escroquerie qui confectionnait même de faux certificats de libération. Le laxisme ambiant va jusqu’à laisser certains prisonniers sortir en journée, voire plusieurs jours pour aller travailler chez les habitants ou aller au café du coin. Il se dit également que la nuit, des fêtes et des festins pouvaient être organisés. Au moment de l’enquête, et au vue des éléments, la presse surnomme alors l’établissement la « Joyeuse Prison » ! Ce surnom fut immortalisé au cinéma. En effet, un film éponyme fut réalisé en 1956 par André Berthomieu avec Michel Simon et Darry Cowl.
Jugée en 1955, l’administration pénitentiaire est reconnue responsable. Le verdict aboutit à l’acquittement de l’ensemble des détenus mis en examen. Le gardien-chef, est quant à lui révoqué et condamné à trois ans de prison. Pourtant René la Canne, qui s’était lié d’amitié avec le gardien-chef, s’ingénia à s’enfuir de la prison en sciant les barreaux de sa cellule sans profiter des largesses de ce régime un peu spécial.
Informations pratiques
- L’adresse est rue de la Vicomté 14130 Pont-l’Evêque
- Date et horaires des visite: Les visites guidée ont lieu tous les 1er samedis de chaque mois à 11h. Pour les vacances scolaires et les mois de Juillet des créneaux supplémentaires sont mis en place.
- Enfin, les réservations se font par téléphone au 02.31.64.89.33