Lundi dernier, j’ai été invité par Les Filles à Côtelettes à participer à leur premier Monday Meat se déroulant, pour l’occasion, à Caen. Et tiens, commençons par me mettre dans le pétrin car vous verrez que c’est finalement plutôt à propos! Il y a moins d’un mois je ne connaissais absolument pas les Filles à Côtelettes ! Après quelques recherches dans la marmite du net, je compris rapidement que nous avions les mêmes aspirations culinaires. Leur volonté de revendiquer l’envie de bien vivre et de mieux manger faisait totalement écho à l’épicurien que je suis.
Cette fois, nul besoin d’utiliser mes talents en « entrecôtomancie » (art divinatoire de lecture dans la cuisson de l’entrecôte que que moi seul maîtrise) pour savoir si je devais répondre positivement à l’invitation. Le Petit Bonhomme de Chemin en serait, et au vue de la soirée, c’eût été un crime envers la gastronomie de ne pas m’y être rendu !
Table des matières
Qui sont Les filles à Côtelettes ?
Il y a bientôt deux siècles, le gastronome français Jean Anthelme Brillat-Savarin écrivait « Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es. » dans son ouvrage la Physiologie du goût, considéré par beaucoup comme l’un des textes fondateurs de l’art culinaire. Aujourd’hui, cette citation ne me semble pas avoir pris une ride. Alors elles mangent quoi Les filles à côtelettes ?
Le principe du collectif Les Filles à Côtelettes
Depuis sa création en 2018, le crédo de ce collectif féminin est « Partager l’envie de bien vivre et mieux manger, libre de tout préjugé ». Par les temps qui courent c’est presque salutaire ! Leur approche est donc gourmande, flexitarienne et sans complexes. Alléluia ! Les personnes réunies au sein des filles à Côtelette veulent sortir le féminin du tout veggie où les femmes sont encore trop souvent assujetties par la société. Bref, mettre fin au « tape-toi ta salade sans vinaigrette et tait-toi » ! Les filles à Côtelettes revendiquent le droit d’être une femme et de « grailler » une belle entrecôte sans regards inquisiteurs. Et plus globalement de manger ce qu’elles veulent.
Mais attention, ce n’est pas parce que Les Filles à Côtelettes souhaitent manger ce qu’elles veulent qu’elles n’en sont pas moins des ambassadrices du « bien manger ». Ce club d’envergure nationale rassemble des femmes de tout âge toujours en quête de nouvelles saveurs, de producteurs locaux et de chefs cuisiniers qui portent les valeurs d’excellence de l’art de vivre à la française.
Bref si vous aimez les dîners entre copines, l’odeur de barbecue, un bon apéro avec de la bonne charcuterie, si vous aimez profiter des petits plaisirs de la vie avec panache, vous êtes une fille à Côtelettes qui s’ignore !
Les actions de ce club gourmand
Vous en doutez encore ? Sachez qu’on retrouve dans ce joyeux « gang de filles » frais et décalé, à la fois des membres célèbres mais aussi des anonymes venant de partout en France et de tout horizon professionnel. Dans un esprit d’amour des bonnes choses, des produits de qualité́ et bien sûr de tolérance, Les Filles à Côtelettes s’engagent dans la défense la viande sans en abuser et dans le soutien des producteurs locaux qui s’occupent bien de leur élevage. Pour ce faire, elles proposent des opérations, participent à des événements ou encore proposent leurs bons plans sur leurs sites et leurs réseaux sociaux.
Ainsi, les FAC ont -par exemple- proposé des apéros musicaux avec une dégustation de plats à base de viandes. Les Filles à Côtelettes ont également développé l’opération gourmande Drapeaux dans Paris dans plusieurs restaurants de la capitale. Chez ces restaurateurs, lorsque vous commandiez un plat de viande, il vous était servi avec un petit drapeau qui, une fois gratté, vous permettait de découvrir une surprise. Enfin, une les Filles à Côtelettes ont monté leur « team » pour participer depuis quatre ans au championnat de France de barbecue. Et elles ne sont pas là pour faire de la figuration ! En effet, lors du dernier en date, elles ont remporté une médaille dans chaque catégorie présentée dont une médaille d’or dans la catégorie Taureau de Camargue AOP.
Enfin, depuis peu, Les Filles à Côtelettes proposent des moments conviviaux dans les toutes les régions de France : « Les Monday Meat ».
A quoi a ressemblé le premier Monday Meat des filles à côtelettes?
La cuisine a pour fonction de nourrir certes, mais également de réjouir et souvent même de réunir les individus invitant chacun à se découvrir lors du repas! Après avoir participé à ce Monday Meat normand, c’est pleinement comme cela que j’ai ressenti cette première organisée par Les filles à Côtelettes. Mais passons aux détails de la soirée
Être un garçon à Côtelettes, cela fonctionne aussi ?
Ce ne serait pas honnête de ne pas vous dire que j’avais une petite appréhension en me rendant à l’espace partagé de Contrebande. En effet, un « petit détail » pimentait mon rendez-vous avec le collectif : je suis un homme. Sur la route, je mijotais alors –en cas de passage sur le grill- un argumentaire bancal qui expliquait que j’étais présent à ce Monday Meat en qualité d’ambassadeur de ma fille de 2 ans et demi. Une demoiselle qui apprécie, un peu trop à mon goût, chaparder plus ou moins discrètement de bonnes grosses bouchées de faux-filet ou d’entrecôte dans l’assiette de son père. Assurément une fille à Côtelettes en devenir !
Pas de faux suspense ! Je suis aujourd’hui la preuve vivante que Les garçons à Côtelettes également sont les bienvenus aux « Monday Meat ». Dès le p’tit cidre d’accueil, mes appréhensions s’évanouirent plus vite que mon verre ne se vidait. Le contact fut facile, sans sectarisme aucun ! Et pas d’inquiétude, je ne souffre d’aucuns syndromes post traumatiques. Sauf si souhaiter participer à leur prochaine rencontre gastronomique fait partie de la liste des troubles et symptômes post traumatiques !
Le principe d’un Monday Meat des Filles à Côtelettes
Un Monday Meat organisé par Les filles à Côtelettes cela ressemble à quoi ? C’est une soirée en mode intimiste avec des rencontres et des échanges autour d’une activité ludique et qui ont lieu chaque mois dans une région différente. Ces afterworks se tiendront dans des bars/ restaurants ou lieux en lien avec l’activité proposée. Ces soirées se déroulent le lundi et proposent un atelier de découverte suivi d’un apéritif dînatoire flexitarien. Quand je vous aurai détaillé le menu de leur apéro dînatoire vous comprendrez pourquoi il y a peu de chance que j’utilise à nouveau ce terme pour mes trois bouts de carotte et la « cochonaille » accompagnant notre bouteille de vin du vendredi soir à la maison. Enfin, il est à noter que les Monday Meat se font en petit comité. C’est extrêmement appréciable: et rend le moment convivial.
L’atelier de fabrication de pain au levain bio avec Diego de Pain Vivant
Sans être un passionné de pain, je reste ce Français qui achète au moins une baguette par jour. Au fil des années, je constate que ce produit typique de la France, n’a pas encore la place qu’il mérite dans les différents mouvements qui défendent la gastronomie française. Alors oui j’ai été plus qu’heureux de voir que Les filles à Côtelettes avaient choisi de mettre le pain en avant. Choisir Pain vivant était également un choix fort à mon sens. Diego de Pain Vivant est un véritable passionné et il sait à la fois transmettre sa passion tout en la rendant accessible aux novices comme moi. C’est une qualité rare dans l’univers de la gastronomie.
Pour ceux qui ne connaissent pas Pain Vivant, Diego Laporal est un jeune artisan qui a débuté en cuisine il y a plus de dix ans. A l’époque, il commence à fabriquer du pain pour le restaurant étoilé dans lequel il travaillait. Puis il s’est lancé en montant lui-même un four à bois chez lui. Ses pains réalisés à partir de levain naturel et de farines de blés paysans ont rapidement séduit et se sont vendus (ne pas faire la blague : comme des petits pains) avec succès au sein de divers points de retrait de l’agglomération caennaise. Le caractère authentique de son pain n’est sans doute pas étranger à cette réussite. Il rejoint enfin l’espace collaboratif de la Contrebande où il construit un nouveau four à bois et s’installe dans un labo dédié.
Lors de l’atelier – où le choix de limiter le nombre d’invités donnait une vraie proximité- nous avons pu fabriquer du pain au levain bio mais également des cinnamons rolls. Le fait de profiter de nos « créations » le lendemain et de faire cuire une partie chez nous prolongea assurément le plaisir de la soirée.
Le repas proposé à partir des produits d’Au fil de l’Ante et par son chef Yoann Lemonnier
A la suite de cet atelier ultra convivial et instructif, je m’attendais honnêtement à un petit frichti. Eh ben » mes cadets, et ben’ mes p’tits frères, c’était mal connaître Les filles à Côtelettes. J’en ai pris plein les yeux ou plutôt devrais-je dire plein les papilles. Ce qu’elles appellent un apéro dînatoire, j’appelle cela un repas de gourmet ! Pour sa réalisation, les FAC ont fait appel au fil de l’Ante et au chef Yohann Lemonnier.
Au Fil de l’Ante et le chef Yohann Lemonnier
Le Fil de l’Ante est une exploitation agricole située à Saint-Martin-de-Mieux, dans le Calvados, entre Falaise et Pont d’Ouilly, qui a pour devise « La ferme comme avant mais autrement! ». A sa tête, Aurélien Castel qui, après des études d’ingénieur en agronomie, spécialité développement agricole et rurale, a repris la ferme familiale. Il y développe depuis 2016 un système d’élevage écologique, économe et rentable.
En plus de son élevage de bovins issus de la race rustique Aubrac nourris à l’herbe de qualité, il souhaite être au plus près des consommateurs. Ainsi il développe la vente directe à la ferme mais également un foodtruck pour se déplacer sur les marchés. Enfin dans le même esprit, il a créé un laboratoire au sein de sa ferme pour proposer un service de traiteur. C’est là que Yohann Lemonnier, l’ancien chef du restaurant l’Initial à Caen, entre en jeu en posant ses casseroles et ses couteaux au sein du labo du Fil de l’Ante. Et c’est cette belle combinaison (sans oublier naturellement Pain Vivant) qui nous a concocté le menu de la soirée.
Découvertes autour de la charcuterie de bœuf
Nous avons ouvert les hostilités avec une planche de charcuterie de bœuf digne de Pantagruel. Habitué au porc et à la cochonnaille un peu par facilité, j’ai sauté sur l’occasion pour me repaître de leurs préparations. Au programme, noix de bœuf séché, saucissons, chorizo et pâté en croûte, avec une mention spéciale à leur noix de bœuf séché et à leur pâté en croûte. D’ailleurs ce dernier devrait être remboursé par la sécurité sociale au même titre que les anti dépresseurs. L’effet euphorisant que j’ai ressenti en le dégustant me pousse très sérieusement à considérer la nécessité de lancer une pétition en ligne pour qu’il soit, dès à présent, distribué en pharmacie !
Ensuite, on a pu retrouver la patte de Yohann Lemonnier et surtout s’en délecter avec deux jolis trompe-l’œil surprenants et savoureux. Le premier servi fut une cuillère de mousse de bœuf et épinard avec sa tuile de riz noir. Le second fut un tartare de bœuf avec sa coque en peau de topinambour. Et nous en étions qu’à la première ligne du menu !
Un Carpaccio de veau, noisettes torréfiées
Le Carpaccio est bien évidemment un plat de « carnivore ». Les Filles à Côtelettes ne pouvaient passer à côté. Pour ce carpaccio de veau, le plat était révélé avec ses noisettes torréfiées et ses câpres. Un assemblage succulent.
Un tempura de noix de Saint-Jacques, Ketchup de bœuf
Ce plat était un nouveau trompe-l’œil avec une structure en forme de mini pomme d’amour. Derrière cette confection particulière une noix de Saint-Jacques enrobée avec d’une base de farine et d’œufs puis cuite en friture. Pour la couleur verte, elle fut obtenu à partir de livèche, autrement appelé céleri éternel. C’était à nouveau un délice !
Un Parmentier de bœuf, topinambour et café
Servi dans des petits pots individuels, le Parmentier de bœuf était proposé avec d’une délicate mousse de topinambour recouverte au dernier moment d’une pluie de poudre de café. Comme on dit « mariage pluvieux, mariage heureux ». Ce fut donc le cas concernant les saveurs de cette belle préparation.
Un second mets n’est pas présent en photo et je ne peux vous en dire plus. La raison ? La présence de brocolis. J’ai une sainte horreur de cette variété de chou. Je ne peux que vous affirmer que mes voisins se sont, eux, régalés du bocal de brocolis accompagnés de lard de bœuf séché et de cacahuètes.
Un bouillon d’automne et son bœuf à la braise
Tout d’abord, j’ai adoré le choix audacieux du dressage dans un cendrier (ou à ce qui lui ressemble). Ensuite, la technique culinaire consistant à braiser de la viande est sans doute l’une de mes préférées. Pour les pommes de terre aussi d’ailleurs ! J’adore la différence de texture entre l’extérieur formant presque une « croûte » au goût inimitable et le cœur fondant de la viande ! D’ailleurs, lorsque j’étais enfant, je demandais à mes parents de ne me servir que cette fameuse croûte. Quant au bouillon de légumes de saison, il venait ici en parfait pendant de la viande.
Mousse de camembert, poivre de Kâmpot et levain
Ensuite en ultra fan de fromages que je suis, ce mets fut l’un de mes chouchous du dîner. J’adore notamment et énormément le camembert. Pour vous dire, je suis en train de préparer un article comparatif sur les Camembert au lait cru. Je l’ai mangé en deux temps. Je me suis d’abord délecté de la mousse seule. Puis j’ai ensuite accompagné le reste de la mousse avec le levain qui tapissait le fond. Une belle façon de revisiter mon traditionnel pain fromage de fin de repas. Je m’y suis plié dès le lendemain midi avec le pain au levain de Pain Vivant. Vous allez me dire pourquoi pas de photo cette fois ? C’est l’exact opposé des brocolis. Je me suis précipité pour goûter ce plat et lorsque j’ai eu dévoré ce mets, je me suis rendu compte que je n’avais pas pris de cliché. Et comme chez moi on ne prend pas l’assiette du voisin, même en photo…vous n’avez pas de photo !
Pomme en texture, vanille du Mexique
Attention, comme je l’ai souvent dit sur le blog, je ne suis pas un bec sucré. Quand je dis plus haut que je termine mon repas par le fromage ce n’est pas une façon de parler. Je prends très rarement de desserts. Au vu de la qualité des plats précédents, je me devais de faire honneur au chef. Et bien m’en a pris ! La pomme en texture était un dessert ultra léger avec une vanille qui venait sublimer ce produit de notre terroir normand. Le jeu de textures était bien au rendez-vous, et bon…qui n’aime pas les pommes ? Même moi je les aime ! Bon peut être un peu plus lorsqu’elles sont passées quelques petites étapes pour terminer en Calvados
Crème de châtaigne et sorbet de coing
Enfin, ce dessert m’a totalement « attrapé ». Peu convaincu par les ingrédients détaillés sur le menu, je le fus pleinement une fois en bouche. On sent que les produits sont de très bonne qualité et que Yohann Lemonnier sait les sublimer. Une fois terminé, ma cuillère en redemandait et au vu de tout ce que nous avions déjà avalé c’était le signe d’une franche réussite.
Les Filles à Côtelettes partagent leur recette de la convivialité à leur Monday Meat
La soirée et le repas se terminèrent tardivement mais le temps passa à une vitesse folle. Le choix d’un nombre limité d’invités me semble avoir été extrêmement judicieux. L’ambiance de cet Monday Meat était ultra convivial et assez intimiste. On a l’opportunité de parler à chacun. C’était très chaleureux et bienveillant à tous les égards. L’accueil des Filles à Côtelettes fut remarquable. Je me sentis rapidement bien à ma place alors que je suis « un garçon à côtelettes ».
Les filles à côtelettes pensent même au lendemain lorsqu’elles organisent une #MondayMeat !!! Le matin à la place du Guronsan, j’ai accompagné mon café matinal avec un cinnamon roll préparé avec Diego de Pain Vivant. C’est quand même plus sympa…en attendant de me faire délivrer mon ordonnance pour le pâté en croûte du Fil de l’Ante.